1. 3. Discussion

La préférence globale d’attachement à N1 observée dans le Questionnaire 1 confirme les résultats obtenus en français, même si cette préférence avec qui (87,2 %) est plus faible que dans la tâche de complétion (sans contexte) de Zagar et al. (1997).

Avec lequel on retrouve une forte fréquence d’attachement à N1, bien que cette préférence soit significativement moins importante : il y a plus d’attachements vers N2 avec lequel/laquelle qu’avec qui. Ce résultat montre un effet de l’atténuation (Hypothèse 1a) et de l’informativité (Hypothèse 1b) : lequel et laquelle sont moins atténués et plus informatifs que qui, ce qui les positionne à un niveau inférieur dans la hiérarchie d’accessibilité, signalant un attachement à l’antécédent moins accessible, N2.

La préférence globale de N1 mesurée pour les propositions relatives est conforme à ce qu’on pouvait attendre selon la construal hypothesis : qui et lequel sont des pronoms relatifs et leur attachement est par conséquent guidé par la proéminence de N1 et N2. Comme N1 est proéminent, ce dernier est donc le site d’attachement préféré. L’effet de la forme du relativiseur n’était pas prévue.

Enfin, la préférence pour N1 infirme ce que prédisait la théorie du garden path : la stratégie du late closure ne guide pas la préférence d’attachement pour les phrases testées ici. L’effet du Relativiseur sur les préférences d’attachement suggère que les théories interactives gagneraient à considérer ce type d’information dans les processus de traitement.

Le Questionnaire 1 montre que, pour une fonction relativisée donnée, ici la fonction sujet, si les deux relativiseurs disponibles diffèrent quant au degré d’atténuation (Hypothèse 1a) et d’informativité (Hypothèse 1b), le relativiseur le moins atténué et le plus informatif signale un antécédent moins accessible. Cependant, la comparaison entre qui et lequel/laquelle ne distingue pas quel facteur, atténuation ou informativité, influence les préférences d’attachement.

On pourrait proposer une interprétation alternative de ces résultats. On l’a dit plus haut, employer lequel pour faire référence à un antécédent humain fait partie du registre formel. La fréquence d’utilisation de ce relativiseur est plus faible que celle de qui (voir l’analyse de corpus, ). La différence dans les préférences d’attachement mesurée pour le Questionnaire 1 pourrait alors être liée au fait que lequel signale par sa fréquence moindre un attachement à l’antécédent qui est moins accessible et n’est généralement pas le site d’attachement préféré.

Afin d’évaluer cette hypothèse, je propose de comparer les relativiseurs à qui et auquel. La différence de fréquence est moindre et inversée : auquel est plus fréquent que à qui. Le Questionnaire 2 permet non seulement de tester l’Hypothèse 1, mais aussi l’effet possible de la fréquence sur l’attachement des relatives ambiguës.