3. 1. 3. Pré-test

Ce pré-test est conçu de la même façon que les précédents et 32 participants, n’ayant pas participé aux autres expérimentations, évaluent la plausibilité d’énoncés à l’aide d’une échelle graduée de 1 à 7. Une valeur élevée signale un fort degré de plausibilité.

À partir des items expérimentaux des propositions sont construites. Elles sont compatibles avec un attachement à N1 (le témoin apporte le dessert au grand-père, le témoin apporte le dessert à la grand-mère) ou à N2 (le témoin apporte le dessert au marié, le témoin apporte le dessert à la mariée). Pour chaque item, on dérive quatre propositions, pour obtenir 160 propositions à partir des 40 items initialement construits.

Le pré-test est comparable aux précédents. Par contre, pour limiter la longueur de ce pré-test et éviter la répétition des débuts de phrases (p. ex le témoin apporte le dessert), des listes sont élaborées pour ne présenter que les propositions avec un nom masculin (le témoin apporte le dessert au grand-père) ou avec un nom féminin (le témoin apporte le dessert à la grand-mère). Chaque participant traite 80 propositions.

Huit listes sont construites pour ainsi répartir les propositions selon le genre (masculin, féminin) et l’ordre de présentation (présentation d’une proposition contenant N1 ou N2). Un ordre de présentation est généré et reproduit sur l’ensemble des listes, de telle sorte que les deux versions de chaque item, masculines ou féminines, soient réparties dans les deux moitiés de la liste et séparées d’au moins douze autres propositions. Chaque proposition issue d’un même item est présentée au même endroit dans chacune des listes. Chaque liste est précédée de cinq phrases de structure comparable afin de familiariser le participant à l’utilisation de l’échelle. La passation est collective et dure environ 15 minutes.

Les 32 items retenus pour le Questionnaire 3 sont ceux dont la différence de longueur et du nombre de syllabes entre les noms N1 et N2 est la plus faible et où la plausibilité est la plus proche entre les versions masculines et féminines. Les scores de plausibilité, ainsi que la longueur et le nombre de syllabes moyens sont reportés dans le Tableau 5.

Tableau 5 : caractéristiques du matériel expérimental (Questionnaire 3, 32 items retenus)
    Score de plausibilité Longueur Nb. syllabes
Masculin N1 5,15 (σ = 0,78) 8,39 (σ = 2,69) 2,55 (σ = )
N2 5,29 (σ = 0,76) 7,81 (σ = 1,96) 2,44 (σ = 0,80)
Féminin N1 5,55 (σ = 0,71) 9,06 (σ = 2,62) 2,52 (σ = 1,03)
N2 5,51 (σ = 0,74) 8,63 (σ = 1,80) 2,47 (σ = 0,76)

Les tests statistiques conduits sur ces items montrent une différence significative entre les deux noms [F1(1, 31) = 13,21 ; p = 0,001 ; F2(1, 31) = 4,41 ; p = 0,04] : N2 reste plus plausible que N1. Il n’y a, en revanche, pas de différence significative entre les versions masculines et féminines [Fs < 1] ni d’interaction [F1(1, 31) = 3,31 ; p = 0,08 ; F2(1, 31) = 2,39 ; n. s.].

S’il n’est pas possible d’éviter un biais de plausibilité en faveur de N2, ce dernier favorise de toute façon l’attachement le moins fréquent. Ce biais, s’il affectait les préférences d’attachement, entraîne plus d’attachements à N2. Afin de vérifier si N1 et N2 sont contrôlés au niveau de la longueur du mot et du nombre de syllabes, des analyses de la variance (ANOVA) sont réalisées.

Les noms féminins sont plus longs que leurs pendants masculins [F(1, 31) = 59,54 ; p < 0,00001], mais cela indépendamment de la position [F(1, 31) = 1,11 ; n. s.] puisqu’il n’y a pas d’interaction significative [F < 1]. Cette variation est en partie liée à la présence de morphèmes marquant le féminin. Le nombre de syllabes est par ailleurs équilibré : il n’y a d’effet ni du genre [F(1, 31) = 1,00 ; n. s.], ni de la position [F < 1], ni d’interaction [F < 1].