5. 1. Aspects méthodologiques

Dans cette série de questionnaires, plusieurs aspects du matériel expérimental sont contrôlés, et en particulier la plausibilité du contenu sémantique, mais aussi la fréquence des antécédents qui peuvent affecter l’attachement réalisé.

5. 1. 1. La plausibilité du contenu sémantique

Dans ces questionnaires, les participants réalisent un jugement explicite de l’attachement de la proposition relative dont le contenu doit être neutre : elle doit pouvoir être attachée aussi bien à N1 qu’à N2.

Des pré-tests ont été construits afin de s’assurer de cette neutralité. Dans les pré-tests, les participants, en estimant le degré de plausibilité de propositions compatibles avec un attachement à N1 ou à N2, indiquent quels contenus sont sémantiquement neutres, c’est-à-dire si N1 et N2 ont un degré de plausibilité comparable. À l’issue des pré-tests, on peut considérer que les propositions relatives sont sémantiquement ambiguës pour les Questionnaire 1, Questionnaire 2 ou Questionnaire 4, puisque qu’il n’y a pas de différence significative entre les valeurs estimées pour des propositions compatibles avec N1 ou N2. Pour le Questionnaire 3, par contre, il subsiste une différence de plausibilité : une proposition avec N2 est jugée dans l’ensemble plus plausible qu’une proposition avec N1. Si cette différence de plausibilité avait affecté les préférences d’attachement, ce biais aurait alors conduit à une préférence plus marquée pour N2, quelle que soit la forme du relativiseur. Le pourcentage global d’attachement à N1 est en effet plus faible dans le Questionnaire 3 (70,6 %) que dans le Questionnaire 2 (85,3 %), il est possible que ce ne soit pas tant la différence de plausibilité que la manipulation de la forme du relativiseur qui ait entraîné plus d’attachements vers N2.

Dans le Questionnaire 2, la forme du relativiseur est une variable indépendante qui est manipulée de façon interindividuelle, alors qu’elle varie de façon intra-individuelle dans le Questionnaire 3. La co-présence des deux formes de relativiseurs a pu contribuer à des attachements à N2 plus fréquents ; c’est ce qu’on observe aussi entre le Questionnaire 1 (78,9 % d’attachements à N1) et le Questionnaire 4 (72,9 %), où la seule variation est la manipulation, inter- ou intra-individuelle. Qu’on observe plus d’attachements à N2 dans le Questionnaire 3 que dans le Questionnaire 2, et davantage d’attachements à N2 dans les Questionnaires 4 et 1 — dans une moindre mesure — pourrait être expliqué par le fait que la présence de auquel, à laquelle, lequel et laquelle incite à plus d’attachements à N2 qu’avec qui et à qui.

On peut considérer que la préférence pour N1, moindre dans le Questionnaire 3 que dans le Questionnaire 2, est plus le fait de la manipulation de la forme du relativiseur que de la différence de plausibilité.