5. 2. Implications théoriques

5. 2. 1. La question de la fréquence des relativiseurs

La différence de fréquence entre les relativiseurs comme qui et ceux comme lequel peut aussi expliquer les préférences d’attachement observées. L’emploi d’un relativiseur comme lequel ou laquelle est bien moins fréquent que celui de qui (voir l’étude de corpus dans le ), notamment lorsque l’antécédent est une entité humaine. Si on reprend la hiérarchie d’accessibilité d’Ariel (2001), la fréquence des expressions référentielles est un corrélat de l’atténuation, de l’informativité et de la rigidité. Une expression référentielle qui a une position élevée dans la hiérarchie, p. ex. un pronom, a aussi une fréquence d’occurrence élevée alors qu’une plus basse est moins fréquente, p. ex. un nom commun.

Une explication alternative de la différence d’attachement entre qui et lequel/laquelle était que la fréquence moindre de lequel et laquelle signale un attachement à l’antécédent qui est le site d’attachement le moins fréquent, N2. La différence de fréquence entre à qui d’un côté et auquel et à laquelle de l’autre est inversée (cf. étude de corpus, ) : à qui est moins fréquent, même quand on le compare à auquel avec un antécédent animé. L’absence de différence d’attachement tend à montrer que la fréquence d’occurrence des relativiseurs ne contribue pas aux préférences d’attachement mesurées entre qui et lequel/laquelle.

Peut-on dire que seule la différence de fréquence entre les relativiseurs contribue à la différence d’attachement réalisé ? Dans un sens, oui, puisque l’emploi de lequel est bien moins fréquent que celui de qui. C’est justement l’utilisation d’une expression référentielle plus rare qui est interprétée comme signalant une interprétation qui diffère de l’interprétation habituelle. Lequel signale un attachement différent, à N2 au lieu de N1. Cependant, la fréquence n’explique pas à elle seule les stratégies d’interprétation, puisqu’il n’y a pas de différence d’attachement pour les relatives OI en dépit de la variation de fréquence entre les formes de relativiseurs.

Qui plus est, si une proposition relative introduite par lequel est nécessairement non restrictive, une proposition relative introduite par qui est généralement restrictive, sauf si le relativiseur est précédé d’une virgule. Comme une proposition relative non restrictive introduite par qui est bien moins fréquente que son homologue restrictif, une préférence pour N2 plus marquée aurait pu être observée avec qui, mais ce n’est pas le cas.