5. 2. 5. Les modèles interactifs

D’après les modèles interactifs, comme le modèle de satisfaction de contraintes (MacDonald, 1993, 1994 ; Spivey-Knowlton et al., 1993) ou le modèle de compétition et d’intégration (McRae et al., 1998 ; Taraban & McClelland, 1988 ; Trueswell et al., 1993), les informations syntaxiques, sémantiques ou discursives interagissent immédiatement et guident l’interprétation. Parmi les phrases qui avaient été présentées dans les questionnaires, les pré-tests permettaient de s’assurer qu’aucun biais sémantique n’indiquait un attachement vers N1 ou N2. Les préférences d’attachement ne sont pas influencées par ces informations.

Si les informations discursives sont prises en compte, la proéminence des entités du discours et l’accessibilité signalée par les expressions référentielles peuvent intervenir. Ainsi, ces théories prédisent une préférence pour N1, ce qui est observé. La forme du relativiseur, notamment l’informativité signalée par le marquage en genre et en nombre, serait prise en compte et, de façon comparable à ce qui est proposé par la théorie de l’accessibilité, un relativiseur plus informatif signalerait un attachement à l’entité moins accessible, N2.

Cependant, les modèles basés sur les contraintes considéreraient plutôt que c’est la fréquence des relativiseurs qui guide l’attachement, plutôt que l’accessibilité signalée. On a pu voir que la fréquence des relativiseurs n’explique pas les préférences d’attachement mesurées ici. L’accessibilité signalée par les relativiseurs, en revanche, explique mieux les attachements réalisés. Les modèles basés sur les contraintes pourraient alors tout à fait intégrer les principes des théories de l’accessibilité.

Selon le modèle unrestricted race (Pickering & Traxler, 1998 ; Traxler, 2005 ; van Gompel & Pickering, 2001), si aucune information ne favorise une interprétation par rapport à l’autre (attachement à N1 ou N2), le lecteur prend sa décision au hasard. Or, les préférences observées dans les questionnaires diffèrent du hasard : différentes contraintes guident non seulement l’interprétation, mais aussi la vitesse à laquelle un attachement à N1 ou à N2 est réalisé. C’est l’attachement établi le plus rapidement qui est conservé. Les résultats des questionnaires suggèrent qu’à la fois la proéminence des antécédents (N1 est proéminent) et la forme des relativiseurs ont un effet sur l’interprétation adoptée.

Qu’il y ait une préférence globale pour N1 indique que la proéminence des antécédents est prise en compte. De même, la différence d’accessibilité signalée par la forme des relativiseurs guide l’interprétation.