4. 2. Propositions relatives sujet

L’effet significatif de l’interaction entre la Fonction de la proposition relative et la Forme du relativiseur, mais aussi avec d’autres prédicteurs comme l’Animation de N1 et N2, indique qu’une analyse séparant les relatives sujet des relatives OI renseignerait sur les préférences d’attachement et les facteurs qui influencent ces dernières.

Une analyse de modèle linéaire mixte est conduite sur les propositions relatives sujet, comparant ainsi les relatives introduites par qui et par lequel (et ses déclinaisons). Les effets fixes sont reportés dans le Tableau 12. Comme précédemment, la présentation des résultats débute par les effets principaux significatifs, puis les interactions significatives, accompagnée des tableaux avec les fréquences d’occurrences.

* p < 0,05 ; ** p < 0,01 ; *** p < 0,001 ; n. s. : non significatif ; F. synt. : Fonction syntaxique

L’effet de la Forme du relativiseur est significatif : il y a plus d’attachements à N2 quand une proposition relative sujet est introduite par lequel plutôt que par qui (Tableau 13).

F. relativiseur : forme du relativiseur ; Nb. : nombre d’occurrences

Ce résultat confirme l’Hypothèse 1 : la forme du relativiseur signale l’accessibilité de son antécédent. Le relativiseur lequel, à la fois moins atténué (Hypothèse 1a) et plus informatif (Hypothèse 1b) que qui, est attaché plus fréquemment à un antécédent moins accessible, N2, car ce dernier est dominé par N1, tête du GN.

Il y a aussi un effet de la Modification de N1 par un adjectif, entraînant plus d’attachements à N2 quand N1 n’est pas modifié (67 %), plutôt que modifié (59 %), comme on peut le voir dans le Tableau 14.

Le pourcentage d’attachements est indiqué entre parenthèses ; F. relativiseur : forme du relativiseur ; Att. : attachement

La Modification de N2 (Tableau 14) affecte aussi de façon significative les préférences d’attachement : il y a plus d’attachements à cet antécédent quand il est modifié (61 %, non modifié : 52 %).

L’Animation de N1 ou de N2 est un bon prédicteur du modèle. Quand N1 est animé Tableau 15, c’est à cet antécédent que la relative est le plus souvent attachée (58 % des attachements à N1), alors que ce n’est pas le site d’attachement préféré quand il est non-animé (29 %). Quand N2 est animé, il est lui aussi le site d’attachement préféré (69 % des attachements sont à N2), alors que non-animé, il ne l’est plus (43 %). Ces résultats confirment une fois de plus qu’un antécédent animé, plus accessible, est le site d’attachement le plus fréquent (Hypothèse 2c).

Le pourcentage d’attachements est indiqué entre parenthèses ; F. relativiseur : forme du relativiseur ; Att. : attachement

La Fonction syntaxique de N1 est un bon prédicteur (voir Tableau 12 et Tableau 16) : la fonction sujet diffère significativement des autres, car la fréquence des attachements à N1 est plus importante pour cette fonction (71 %) que pour les autres (sans fonction, 17 % : objet direct, 36 % ; autres, 50 %).

Le pourcentage d’attachements est indiqué entre parenthèses ; F. relativiseur : forme du relativiseur ; Att. : attachement : OI : objet indirect

Quand N1 remplit la fonction sujet, il est très accessible et constitue le site d’attachement préféré (Hypothèse 2e). Si sa fonction syntaxique est plus basse, son niveau d’accessibilité est plus proche de celui de N2, alors site d’attachement préféré.

Pour les relatives sujet, deux interactions font partie du modèle linéaire mixte (Tableau 12). Il s’agit de l’interaction entre la Forme du relativiseur et l’Animation de N1 (Figure 13), et de celle entre la forme du relativiseur et la fonction syntaxique de N1 (Figure 14).

Pour la première interaction (Figure 13), on observe qu’une relative introduite par qui est attachée de façon plus importante à N1 quand ce dernier est animé (66 %), plutôt que non-animé (24 %).

Pour les relatives avec lequel, par contre, on mesure toujours une préférence pour N2, plus importante quand N1 est non-animé (87 %) que lorsqu’il est animé (76 %). Ces résultats valident l’Hypothèse 2c qui était proposée : un relativiseur comme lequel signale un antécédent peu accessible, c’est pourquoi N2 est alors le site d’attachement préféré, même si l’animation affecte cette préférence, mais sans que N1 devienne le site préféré pour autant. Avec une relative introduite par qui, c’est une préférence pour N1 qui est attendue et plus marquée encore lorsque N1 est animé. Un antécédent animé, qui plus est N1, est une entité hautement accessible.

Il y a une deuxième interaction significative (Figure 14), entre la Forme du relativiseur et la Fonction syntaxique de N1, pour la comparaison entre d’une part les fonctions sujet et objet direct et d’autre part les fonctions sujet et autres (Tableau 16).

Si la relative est introduite par qui, on mesure 72 % d’attachements à N1 si ce dernier est sujet. Cette préférence est plus importante que lorsque N1 est l’objet direct de la phrase (36 %) ou OI et oblique (40 %). N1 n’est le site d’attachement préféré que s’il remplit une fonction hautement accessible, la fonction sujet.

Pour une relative avec lequel, que la fonction syntaxique soit élevée ne conduit pas à une préférence pour N1, puisqu’on mesure peu d’attachements à N1 quand il est sujet (25 %), objet direct (36 %) ou OI et obliques (40 %).

La forme du relativiseur signale le degré d’accessibilité de son antécédent. Quand l’antécédent est hautement accessible et que le relativiseur signale un antécédent accessible, la relative est attachée de façon préférentielle à cet antécédent. C’est ce qu’on observe pour les relatives avec qui où N1 est sujet. Par contre, quand le relativiseur signale un attachement à un antécédent peu accessible, lequel, il est attaché plus fréquemment à un antécédent peu accessible, N2, que N1 soit très accessible (sujet) ou moins accessible (objet direct et autres).