5. 1. Validation des hypothèses opérationnelles

5. 1. 1. Effet de la forme du relativiseur (Hypothèse 1)

Au niveau des relatives sujet, on mesure une différence selon la forme du relativiseur : il y a plus d’attachements à N2 avec lequel 31 (et ses déclinaisons, laquelle, lesquels et lesquelles) qu’avec qui. Ce résultat valide l’Hypothèse 1, selon laquelle un relativiseur comme lequel est moins atténué et plus informatif que qui et par conséquent situé à un niveau plus bas de la hiérarchie d’accessibilité. Lequel signale un attachement à un antécédent moins accessible. N2 est le moins accessible des deux sites d’attachements possibles, parce qu’il est le modifieur de N1, et c’est bien à cet antécédent qu’on mesure plus d’attachements avec lequel.

La comparaison entre ces deux formes de relativiseurs ne permet pas de vérifier si c’est l’atténuation (Hypothèse 1a) ou l’informativité (Hypothèse 1b), ou bien les deux, qui contribuent à la différence mesurée. En effet, d’après l’Hypothèse 1a on a comptabilisé plus d’attachements à N2 avec lequel qu’avec qui, parce que ce dernier est plus long, moins atténué. L’Hypothèse 1b propose que c’est le degré d’informativité plus important de lequel qui signale un niveau d’accessibilité plus faible et un attachement à N2.

Quant à l’atténuation, toutes les déclinaisons de lequel (laquelle, lesquels et lesquelles) sont moins atténuées que qui. D’après l’Hypothèse 1a, lequel est situé plus bas dans la hiérarchie et signale un antécédent peu accessible. Il y a en effet plus d’attachements à N2 avec lequel qu’avec qui. Dans les modèles linéaires mixtes et contrairement aux études de Questionnaires (cf. ), la différence d’atténuation entre à qui et auquel et ses déclinaisons (à laquelle, auxquels et auxquelles) n’est pas contrôlée. Il est difficile de discuter alors de l’effet de l’atténuation pour les relatives OI.

Ces dernières offrent une autre évaluation de l’Hypothèse 1b, complétant celle des relatives sujet. à qui signale l’animation de son antécédent et il est de ce point de vue plus informatif que auquel. Pour les relatives OI en général, on peut considérer que à qui est plus informatif que auquel et, si l’Hypothèse 1b est vraie, les attachements à N2 sont plus fréquents avec à qui. Les résultats confirment cette hypothèse. Lorsqu’on prend en compte l’information d’animation de à qui et que l’on restreint l’analyse des relatives avec auquel à celles qui ont comme site d’attachement un animé, on peut contrôler la différence d’informativité de à qui et auquel. Dans ce cas, le modèle linéaire mixte ne conserve pas la forme du relativiseur en tant que prédicteur. Ces résultats suggèrent que lorsque le degré d’informativité varie entre deux relativiseurs pour une fonction syntaxique donnée (qui-lequel, à qui-auquel tout antécédent), l’attachement signalé est différent. Cette différence d’accessibilité conduit à attacher plus souvent la relative à l’antécédent peu accessible lorsque le relativiseur est plus informatif. Sinon, un niveau d’informativité équivalent (à qui-auquel antécédent animé) ne conduit pas à une différence d’attachement. C’est la différence d’informativité entre qui et lequel qui influence leur position dans la hiérarchie d’accessibilité. L’Hypothèse 1b est validée.

On peut émettre l’hypothèse que la fréquence d’occurrence de ces types de relativiseurs et celle de phrases contenant des relativiseurs précédés d’une structure « N1 de N2 » peut guider l’attachement. Un relativiseur et une construction peu fréquente seraient caractérisés par un attachement à l’antécédent moins accessible. Un relativiseur comme lequel est plus rare que qui et on mesure bien une préférence pour N2 plus importante. Le relativiseur à qui est moins fréquent et attaché plus souvent à N2 que auquel. Cependant, si on restreint les relatives avec auquel à celles dont le site d’attachement est animé, à qui reste deux fois moins fréquent, mais il n’y a pas de différence significative dans les attachements réalisés. La fréquence d’occurrence seule ne permet pas d’expliquer les résultats obtenus.

L’Hypothèse 2 et ses différents volets postulent que la forme des antécédents signale leur degré d’accessibilité et que cela influence l’attachement du relativiseur dont la forme, elle aussi, signale le degré d’accessibilité de l’antécédent. Plusieurs facteurs sont étudiés, la longueur de la proposition relative, la modification et l’animation des antécédents ainsi que la fonction syntaxique de N1.