5. 1. 2. Effet de la longueur de la proposition relative (Hypothèse 2a)

Évaluer l’effet de la longueur de la proposition relative sur l’attachement teste de façon indirecte le niveau d’accessibilité signalée de l’antécédent. Considérant que l’allocutaire a reçu vraisemblablement peu d’informations sur une entité nouvelle dans le discours, ce qui le rend peu accessible, une proposition relative longue fournit plus d’informations qu’une courte et sera attachée à un antécédent faisant référence à une entité relativement nouvelle. On s’attendait en effet à plus d’attachements à N2 lorsque la taille de la relative est importante (Hypothèse 2a).

Les résultats escomptés sont à l’inverse de ceux attendus selon Fodor (J. D. Fodor, 1998) pour qui un constituant long sera attaché préférentiellement à un constituant plus long, c’est-à-dire à « N1 de N2 » (cf. sausage machine, Frazier & Fodor, 1978). C’est ce patron de résultats qui est observé dans l’étude de corpus, avec des attachements plus nombreux à N2 quand la relative est courte et à N1 lorsqu’elle est importante. Ceci invalide l’Hypothèse 2a, mais il est notable que l’effet de la longueur de la relative n’est significatif que pour les relatives OI et l’interaction avec l’animation de N2 (toutes les relatives non restrictives et les relatives OI) ou de N1 (les relatives OI). L’interaction entre la longueur de la relative et l’animation de N2 suggère un effet quelque peu antagoniste de ces facteurs. Si N2 est animé, il est très accessible et la fréquence d’attachement à cet antécédent n’est pas affectée par la longueur de la relative. Lorsque N2 est non-animé, il est peu accessible et constitue d’autant moins souvent le site d’attachement de la relative que la taille de cette dernière est grande.

Par contre, l’interaction entre la longueur de la relative et l’animation de N1 traduit un effet cumulatif des facteurs. N1 animé est très accessible et l’attachement est sensible à la quantité d’informations fournies par la relative : N1 animé est plus susceptible d’être le site d’attachement quand la relative est longue. Si N1 est non-animé, il est peu accessible et la longueur de la relative, comme la quantité d’informations, n’affectent pas l’attachement.

Ces résultats montrent qu’un antécédent animé est très accessible et voit son niveau d’accessibilité maintenu, voire augmenté, par rapport à un antécédent moins accessible avec la quantité d’informations contenues dans la proposition relative. Ce n’était pas prédit par l’Hypothèse 2a. Néanmoins, certains auteurs (cf. Brennan et al., 1987 ; Chambers & Smyth, 1998) postulent que le niveau d’accessibilité de celle-ci est évalué (cf. Brennan et al., 1987 ; Chambers & Smyth, 1998) à chaque référence à une entité. Par conséquent, une proposition relative longue permet de signaler l’accessibilité relative de l’antécédent auquel il est attaché. La longueur de la relative est un marqueur d’accessibilité.

Notons que les résultats obtenus pour les relatives sujet sont en conformité avec ceux de De Baecke et al. (1999, cité par Colonna, 2001) où la préférence d’attachement N2 n’est pas influencée par la longueur de la relative, contrairement à ce qu’observent Toussenel et Abeillé (2001, ibidem) dans leur étude de corpus en français qui comporte plus d’attachements à N1 quand la relative est longue.