5. 1. 4. Effet de l’animation (Hypothèse 2c)

Une entité animée est considérée comme plus saillante dans le discours, plus accessible qu’une entité non-animée (Bock & Irwin, 1980 ; Bock & Levelt, 1994 ; Branigan et al., 2008 ; Dahl & Fraurud, 1996 ; Stevenson, 2002). L’Hypothèse 2c prévoit qu’on jugera préférable d’attacher une proposition relative à l’antécédent animé, mais aussi qu’il y aura un effet de la forme du relativiseur capable d’interagir avec l’animation.

Si on considère pour le modèle global et celui pour les relatives sujet l’effet de l’animation de N1 et de N2, il est significatif, avec plus d’attachement à l’antécédent, N1 ou N2, quand il est animé plutôt que non-animé. L’animation rend l’antécédent plus saillant que s’il est non-animé.

Dans son étude où il analyse un corpus écrit de relatives non restrictives et non ambiguës, Loock (2007) met en évidence un effet de l’animation : il y a une majorité de relatives introduites par who, qui marque le caractère animé de son antécédent, tandis que which, utilisé pour un antécédent non-animé, est moins fréquent. Les propositions relatives non restrictives sont attachées à un antécédent animé, très accessible.

Pour évaluer l’effet de l’animation dans le corpus présenté, il est plus pertinent d’étudier les relatives sujet. Les relativiseurs à qui et auquel ne sont pas directement comparables dans la mesure où seul le premier marque le caractère animé de son antécédent. La différence constatée au niveau de l’animation entre ces deux relativiseurs est évidemment liée à ce marquage. D’ailleurs, les modèles des relatives OI, avec un antécédent animé pour auquel ou sans restriction d’animation, ne conservent pas l’animation de N1 et N2 comme prédicteurs. L’animation n’influence pas l’attachement des relatives OI. Les deux types de relativiseurs, à qui et auquel, signalent un niveau d’accessibilité et un attachement équivalents.

Contrairement aux relativiseurs pour la fonction OI, qui et lequel peuvent être attachés aussi bien à un antécédent animé qu’à un antécédent non-animé. Une différence d’attachement liée à l’animation avec les relatives sujet peut être interprétée comme associée à l’accessibilité signalée de qui et lequel, ce dont on ne peut s’assurer avec à qui et auquel.

Sur l’ensemble des propositions relatives non restrictives, le modèle global montre qu’il y a un effet de l’animation de N1, c’est-à-dire plus d’attachements à N2 quand N1 est non-animé, ainsi qu’une interaction entre ce prédicteur et la forme du relativiseur. Avec les relativiseurs qui et à qui, il y a significativement plus d’attachements à N1 si ce dernier est animé que non-animé. Les relativiseurs lequel et auquel sont attachés en majorité à N2 quel que soit le degré d’animation de N1. L’interaction indique que l’attachement d’un relativiseur comme qui et à qui est guidé par la haute accessibilité de N1 liée à son caractère animé. Avec lequel et auquel, par contre, l’attachement majoritaire est à N2, l’antécédent le moins accessible. Qu’on retrouve cette interaction pour les relatives sujet et non pour les relatives OI suggère que c’est bien la différence d’attachement, signalée par qui et lequel, qui contribue à l’interaction dans le modèle global.

L’effet de l’animation de N2 pour le modèle global et les relatives sujet révèle que si N2 est animé, il est plus accessible que s’il ne l’est pas. Il est alors le site d’attachement majoritaire. L’animation est ainsi un marqueur pertinent d’accessibilité : il interagit avec l’accessibilité signalée par les relativiseurs, uniquement selon l’animation de N1. Qui et lequel se situent à des niveaux différents de la hiérarchie d’accessibilité et lequel, qui signale un attachement à un antécédent peu accessible, est attaché à N2, peu accessible (N2 est le complément du nom et N1 la tête du GN), même si l’accessibilité relative de N1 change. Ce dernier reste plus accessible quelle que soit son animation. Qui, par contre, est d’autant plus attaché à l’antécédent plus accessible, N1, que ce dernier signale une accessibilité élevée (i. e. animé). Dans l’ensemble, l’Hypothèse 2c est validée.

Les résultats pour les relatives sujet, indépendamment de la forme du relativiseur, sont conformes avec ceux des études de corpus où l’animation est évaluée (Desmet, Brysbaert et al., 2002 ; Desmet et al., 2006 ; Kister, 2002) et qui ont montré une préférence d’attachement pour l’antécédent animé.