Chapitre 1. Le texte littéraire – objet sémiotique

1.1. Méthodes d’approche du texte littéraire

Qualifier un ensemble d’énoncés d’« objet textuel », de « discours », de « texte », de « récit », entre autres, cela ne postule pas le même statut sémiotique pour l’ensemble de phrases qui constituent ces entités, ni l’application des mêmes conditions de cohérence pour le lecteur qui les prend en charge. Cette différence de terminologie renvoie à différents domaines, théories ou courants qui se sont attachés à étudier le langage, et à travers lui, la littérature. Notre propos n’est pas ici de retracer l’histoire théorique de la littérature, ni d’établir la liste des très nombreux types de critique littéraire actuels qui divergent autant par les méthodes utilisées que par les buts poursuivis⁶.

Précisons d’entrée que nous envisageons de situer l’étude des œuvres littéraires à l’intersection, d’une part, d’une « analyse formelle » inscrite « dans le projet d’une poétique au sens aristotélicien du terme »⁷ et, d’autre part, des théories de la lecture et plus généralement de la réception littéraire.

L’analyse formelle comprend un ensemble de subdivisions : narratologique, thématique, stylistique, rhétorique, métrique, critique génétique, faits de textualité, étude des genres etc. Nous ne retiendrons ici que les travaux de la sémiotique et de la narratologie.

Quant aux théories de la lecture, nous essayerons de les intégrer d’un point de vue sémiotique en nous appuyant principalement sur les travaux d’U. Eco. Ce sera pour nous l’occasion de passer de l’œuvre comme résultat d’un faire artistique à l’œuvre comme réception. La sémiotique de la lecture que nous adoptons nous conduira à mettre l’accent sur le fait que « la question essentielle n’est [pas] de retrouver, derrière le texte, l’intention perdue, mais de déployer, en quelque sorte devant le texte, le « monde » qu’il ouvre et découvre »⁸.