1.3. Le « texte littéraire », quel type de discours ? Spécificités sémiotiques

Constituant un objet sémiotique particulier, le texte littéraire nous invite à considérer ses spécificités par rapport à d’autres types de discours. Ce point nous paraît intéressant à traiter étant donné que notre propre objet d’étude est constitué de discours littéraire.

D’après J. Geninasca, les textes littéraires font partie des discours « intransitifs », c’est-à-dire qu’ils mettent en œuvre dans le langage les conditions d’émergence de la signification. La démarche de cet auteur reconnaît donc au texte une certaine autonomie en tant qu’un « tout de signification » produisant en lui-même les conditions contextuelles de sa lecture.

Trois caractéristiques principales – fictionalité, narrativité et organisation textuelle – constituent quelques caractéristiques du discours esthétique que nous observerons afin de voir comment elles participent à notre problématique de la fragmentation. Il faut souligner que dans la conception de J. Geninasca, l’organisation du texte revêt une importance capitale étant donné qu’elle fonctionne comme une forme contextuelle dont les postulats relationnels conditionnent l’instauration d’une totalité signifiante. En d’autres termes, la structure spatiale propre au texte conditionne les opérations énonciatives de la stratégie de cohérence. Elle subordonne l’interprétation des objets textuels au respect des contraintes relationnelles qui lui sont propres. Dans la théorie de J. Geninasca, l’expérience de la lecture et la construction du sens passe donc par la perception de la forme textuelle. Pour nous, il s’agira justement de prendre en compte la perception discontinue du texte fragmentaire et d’observer l’organisation spécifique des dispositifs figuratifs et narratifs qu’il met en place.