1.3. Le réalisme socialiste – une forme sémiotique

Après avoir examiné les principes fondamentaux et les contraintes idéologiques et esthétiques de la doctrine réaliste socialiste, envisageons-la à présent comme une question sémiotique. Deux principaux aspects fortement liés retiendront ici notre attention. Tout d’abord, en la considérant comme une manipulation entre un Destinateur et un Destinataire dont le rapport n’est pas d’égalité mais de supérieur à inférieur, nous verrons brièvement les positions qui se dessinent pour les deux actants de la communication et la surdétermination du faire qui en résulte pour le destinataire, en l’occurrence, l’écrivain. De fait, les liens qui s’établissent entre le Destinateur initial et le jugement final à travers la sémiotique de la manipulation corrélative à la sémiotique de la sanction, laissent apercevoir des formes possibles de la présence du sujet ou de l’anti-sujet, notamment, à travers les différentes stratégies qu’ils mettent en place.

Ensuite, en traitant le réalisme socialiste comme une sémiotique particulière – ce sera le point central de cette subdivision de notre travail –, nous examinerons la manière dont les contraintes discursives qui caractérisent cette méthode sont censées produire un « discours contraint », un système officiel et figé d’éléments du récit. L’examen détaillé des « normes » de la discursivisation selon les critères de la méthode réaliste socialiste et un « écart » possible dans l’usage qui en est fait dans une œuvre particulière et par un auteur donné devient un moyen d’analyse objective permettant de rendre compte des stratégies mises en place par l’anti-sujet.