Section 1 : L’expérience d’union monétaire des pays membres de la zone franc CFA

La zone franc CFA désigne la partie africaine de ce vaste ensemble monétaire qui regroupe la France métropolitaine, ses territoires et départements d’outre-mer et certaines de ses ex-colonies devenues indépendantes. Prise isolement, la zone franc CFA se compose de deux blocs régionaux : le bloc régional de l’Afrique centrale (en rouge sur la carte) et le bloc régional de l’Afrique occidentale (en vert).

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S’agissant du bloc régional de l’Afrique occidentale, qui nous intéresse ici, elle se compose de huit pays : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte-d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Pour assurer une émission monétaire dans ce bloc, l’Institut d’émission de l’AOF a été transformé en Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et le "franc des colonies françaises d’Afrique" que cet Institut émettait a été rebaptisé "franc de la communauté financière d’Afrique"(FCFA). Outre l’émission de la monnaie, la BCEAO assure aussi la gestion des avoirs extérieurs des pays membres et conduit une politique monétaire commune. Cette dernière est définie par les gouvernements des pays membres réunis au sein d’un "Conseil des Ministres". Pour organiser l’émission de la monnaie unique et l’élaboration de la politique monétaire commune, ces pays ont constitué entre eux, l’"Union monétaire ouest-africaine" (UMOA).

Cependant, contrairement aux zones monétaires de fait (zone dollar, zone rouble, zone rand,…), la version postcoloniale de la zone franc repose sur des conventions monétaires entre les membres. En tant que partie signataire, l’UMOA est donc assujettie aux règles constitutives de la zone franc. C’est pourquoi son étude ne peut se faire qu’à travers celle de la zone franc considérée dans sa globalité.

Plusieurs travaux ont été consacrés à la zone franc notamment dans la deuxième moitié de la décennie 80, lorsque sa partie africaine a plongé dans les crises politiques, économiques et d’endettement. Elle a suscité un regain d’intérêt aussi pendant la phase de construction de l’Union monétaire européenne à cause de l’engagement de la France dans le projet. Tous ces travaux tentaient de répondre directement ou indirectement à la même question, celle de savoir si le maintien de cette zone pouvait avoir une justification économique ? Il ressort d’une lecture synthétique des différents points de vue qu’il y a ceux qui sont favorables (généralement des économistes français), ceux qui sont contre (généralement des économistes africains) et ceux qui sont circonspects.

L’objectif, dans cette section, n’est pas d’étudier un aspect particulier de la zone, mais d’analyser, à travers sa présentation, les raisons qui expliqueraient l’adhésion de sa partie ouest-africaine à l’idée d’une monnaie unique régionale dans le cadre de la CEDEAO. Nous examinons successivement et brièvement : l’évolution historique de la zone franc, son mode de fonctionnement et le bilan des résultats après plus de quarante ans d’existence.