1.3. Essai de bilan de la zone franc

La zone franc est l’un des rares exemples de coopération monétaire formalisée entre un pays développé et des pays en voie de développement. Même si on la taxe de n’être fondée que sur une solidarité communautaire, il n’en demeure pas moins que des considérations économiques la sous-tendent, comme le montre la controverse qu’elle suscite. Pour Godeau (1995), par exemple, « la zone franc est un espace construit essentiellement pour servir les intérêts français », alors que Vinay (1988) y voit « un espace réussi d’une bonne coopération monétaire » ; dans le discours officiel de la France, elle est présentée comme un outil susceptible de favoriser une croissance économique soutenue et l’intégration économique et commerciale de pays partenaires22. Plus de quarante après sa « création », que révèle la réalité ? Pour essayer de le savoir, nous dressons le bilan d’un côté, pour la France et de l’autre, pour les pays africains globalement considérés.

Notes
22.

Dans ce langage diplomatique, le terme "partenaires" va bien au-delà de son sens commercial habituel. En tant qu’ancien colonisateur, la France estime avoir un devoir moral d’aider les pays en question. Ce qui donne au terme une dimension "affectueuse" aussi. Mais dans la mesure où il y a des intérêts économiques et politiques en jeu, cette dernière dimension, non moins fondée, est difficile à défendre. C’est pourquoi nous nous limitons aux dimensions économiques et commerciales.