Section 2 : L’expérience d’autonomie monétaire des pays non membres de la zone franc

Les pays ouest-africains non membres de la zone franc sont : la Gambie, le Ghana, le Nigeria, la Sierra-Leone et la Guinée35. Dans la période coloniale, les quatre premiers pays appartenaient, en tant qu’anciennes colonies britanniques, à la zone sterling. Une monnaie unique – la livre ouest-africaine – circulaient entre eux avec ancrage fixe sur la livre sterling. Quant à la Guinée, ancienne colonie française, elle appartenait à la zone franc CFA.

Un des points communs à ces pays est qu’après leur accession à l’indépendance, ils36 avaient crée leur propre monnaie tout en restant membres à part entière de la zone monétaire qu’ils formaient avec l’ancienne puissance colonisatrice. Ce n’est que plus tard qu’ils ont été contraints37 de prendre leur indépendance monétaire.

Quoiqu’il en soit, ces pays disposent, depuis presque cinq décennies, du droit de battre leur monnaie, d’agir sur les contreparties (les réserves de devises, les crédits à l’économie et les avances au Trésor) de celles-ci ainsi que l’obligation de défendre leur valeur externe. Comment ces Etats ont-ils exercé ce privilège jusqu’ici ? Quel bilan, peut-on en tirer ? C’est à ces deux questions principales que nous consacrons la présente section en analysant successivement l’évolution de leur politique monétaire et de leur politique de changes.

Notes
35.

Sont omis : le Cap-Vert et le Liberia, parce qu’ils ne sont pas engagés dans le projet d’unification monétaire de la CEDEAO, du moins pour le moment (ils adoptent une position d’observateurs).

36.

A l’exception de la Sierra-Leone qui a remplacé la livre ouest-africaine directement par "le Léone" en 1963.

37.

Il semblerait que dans son programme d’après indépendance, la Guinée comptait certes créer sa monnaie, mais souhaitait rester membre de la zone franc (plus tard cette possibilité sera accordée au Mali). Mais les circonstances de son accession à l’indépendance furent si tumultueuses que cela n’a pas été possible (Yansané, 1994). Quant aux ex-colonies britanniques (Gambie, Ghana et Nigeria), ce sont les difficultés rencontrées par la zone sterling qui les ont contraintes à prendre leur destin monétaire en main.