2.1 Evolution des politiques monétaires

Contrairement à ce qui se passe dans la zone franc CFA, dans les pays ouest-africains hors zone franc, la politique monétaire dépend fortement de l’orientation politique. Or celle-ci a fait l’objet de nombreux et divers changements. Par exemple, le Ghana et la Guinée ont adopté un socialisme de type soviétique entre 1956 et 1966, pour le premier et de 1964 à 1984, pour le second. Durant ces périodes, les gouvernements respectifs de ces deux pays avaient un contrôle absolu sur la monnaie et les banques. Nationalisées38, la plupart des banques ont été transformées en banques spécialisées. La politique monétaire était alors définie dans le seul but de financer les plans de développement de l’Etat ; le Nigeria et la Sierra-Leone ont connu beaucoup de coups d’Etat militaire. Pour justifier son acte, tout nouveau régime adopte une politique économique différente de celle que suivait le régime renversé.

Depuis la deuxième moitié de la décennie 80 cependant, tous ces pays se sont ouverts au libéralisme économique et à la démocratie39. Par ailleurs, leur dépendance du financement extérieur les oblige à suivre les recommandations du FMI. Ces facteurs ont permis à la politique monétaire de retrouver les objectifs qui lui sont traditionnellement assignés, à savoir contenir l’inflation et soutenir l’activité économique à un niveau convenable à l’aide de taux d’intérêts réels appropriés.

Nous apprécions les résultats d’ensemble des politiques monétaires suivies dans ces cinq pays à travers l’évolution des indicateurs suivants : les taux d’inflation, les taux d’intérêt et la croissance de la masse monétaire. Nous adoptons comme référentiels, les normes suggérées par la Banque mondiale dans son rapport sur les politiques de développement en Afrique40. En effet, dans ce rapport, la Banque Mondiale estime qu’une « bonne ou satisfaisante politique monétaire » se caractérise par un taux d’inflation à un chiffre, des taux d’intérêt réels oscillant entre –3% et 3% et une croissance monétaire modérée (Voir les chiffres dans le tableau 1.3, à la page 48).

Notes
38.

Dans ce régime où le privé n’existe pas, les banques privées ont été nationalisées et remplacées par des banques spécialisées.

39.

Il est vrai que les choses sont loin d’être parfaites, mais le principe est accepté par tous.

40.

L’ajustement en Afrique : réformes, résultats et chemin à parcourir, 1994.