Malgré l’optimisme qui animait les pères fondateurs de la CEDEAO, ils ne se doutaient pas que la réalisation de l’objectif relatif à l’instauration d’une monnaie unique entre eux devait prendre du temps. Comment utiliser provisoirement leurs monnaies inconvertibles50 pour régler les échanges commerciaux et assurer les paiements courants en attendant l’avènement de la monnaie unique ? Telle était la question à laquelle ils devaient apporter une réponse à choisir entre deux possibles : l’acceptation multilatérale des monnaies nationales ou l’instauration d’une Chambre de Compensation. La seconde option avait été adoptée par l’Union Européenne des Paiements entre 1950 et 1958. Elle fut retenue par la CEDEAO aussi. Créée en 1975 et entrée en activité une année plus tard, la Chambre de Compensation de l’Afrique de l’Ouest (CCAO) repose sur un système de "clearing" généralisé entre les pays de la région. Mais son fonctionnement est très vite entravé par deux facteurs : 1°) la lenteur et la complexité du processus de compensation ; 2°) l’existence d’écart entre les taux de change de la CCAO et ceux du marché parallèle de change. Conscientes de l’importance de la dimension monétaire dans le processus d’intégration régionale, les autorités de la CEDEAO ont élaboré, en 1994, un programme de coopération monétaire plus précis et plus ambitieux dont les principales mesures sont : la transformation de la CCAO en "Agence monétaire", la mise en circulation d’un chèque de voyage CEDEAO, l’élimination des barrières non tarifaires de nature monétaire et l’adoption de régimes de change basés sur les forces du marché. Enfin, en 2000, le projet de monnaie unique-CEDEAO est entré dans sa phase de "réalisation".
Cette section analyse les progrès réalisés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest en matière d’intégration monétaire. Dans un premier temps, nous essayons de dresser le bilan de la coopération monétaire régionale et dans un deuxième temps, nous présentons les perspectives.
A l’exception du franc CFA.