a. Les causes d’émergence des marchés parallèles de devises

En règle générale un marché parallèle est une réponse à une restriction ou à une interdiction d’une activité vitale ou lucrative. Le développement de marchés parallèles de devises dans les pays ouest africains hors zone franc obéit à la même logique. En instaurant des régimes de contrôle des changes, une partie de la demande de devises est restée insatisfaite dans ces pays. L’idée que cette demande excédentaire soit disposée à supporter un taux de change différent du taux officiel (fixe et donc souvent surévalué) crée une prime de change qui est à l’origine de la spéculation. Par le biais de réseaux de complices, les spéculateurs se procurent de devises dans le circuit officiel (à taux fixe) ou de l’étranger (en passant par des circuits parallèles de transfert de fonds, donc sans payer les frais y afférents) pour les revendre sur le marché parallèle à des taux variables. A défaut de pouvoir les éradiquer par la répression, les Etats tentent de les insérer dans le marché officiel. C’est ainsi qu’ils ont été autorisés à exercer à « visage découvert », installés dans des kiosques appelés "bureaux de change" ; ce qui les fait passer du statut d’"activitésparallèles" ou "marchés noirs"70 à celui d’"activitésinformelles", c’est-à-dire des activités de production et de services de petite échelle tolérées et encouragées pour leur capacité à procurer des revenus de subsistance71 (à ne pas donc confondre avec "activités parallèles" qui, elles, renvoient à l’économie souterraine).

Notes
70.

Selon l’expression courante en Afrique.

71.

Selon le sens donné dans la littérature relative à la micro-finance.