1.2.1 Création de conditions d’émergence d’un marché régional

Les bénéfices de l’utilisation d’une monnaie unique sont d’autant plus élevés que les transactions sont nombreuses entre les pays membres de l’Union, en raison des économies de coûts de transaction qui sont réalisées. Cependant, l’optimisation du rôle catalytique de la monnaie unique dans le développement des échanges commerciaux requiert l’interaction d’autres paramètres dont notamment l’élimination des frontières entre les marchés nationaux. Cette condition répond à une des aspirations de la CEDEAO à savoir, parvenir à la construction d’un marché régional unique pour pallier l’étroitesse des marchés nationaux. En effet, on a vu qu’à l’exception du Nigeria, de la Côte-d’Ivoire et du Ghana, tous les autres pays ouest-africains comptent moins de dix millions d’habitants. Et on estime à environ 65% la proportion des populations vivant en zones rurales. Or, vivre en zones rurales dans cette partie du monde est généralement synonyme d’extrême pauvreté. Les 35% constituant les populations urbaines ne disposent que d’un revenu annuel moyen d’environ 309 dollars américains. Pour rentabiliser l’utilisation d’une monnaie unique dans l’espace CEDEAO, les pays membres se verront obligés d’appliquer effectivement le programme de coopération commerciale et douanière qu’ils ont adopté en 1980. Car ce programme propose l’essentiel de ce qu’il faut faire pour favoriser l’émergence d’un marché régional, à savoir : l’élimination des droits de douanes et taxes d’effet équivalent, des barrières non tarifaires et l’établissement d’un tarif extérieur commun (TEC), …Bref, la création d’un espace régional sans frontière. L’application de ce programme devait s’étaler sur quinze ans à compter du 1er janvier 1990, autrement dit l’union douanière devait être effective en ce moment. L’évaluation de sa mise en œuvre, réalisée par le Secrétariat exécutif de la CEDEAO en 2000 révélait d’importants retards. Cependant, l’entrée en vigueur, la même année, de l’union douanière entre les pays membres de l’UEMOA laisse penser que l’aboutissement de la zone monétaire unique de la CEDEAO pourrait favoriser l’application effective de ce programme par les Etats.

Par ailleurs, en offrant aux investisseurs étrangers la possibilité de s’installer dans le pays de leur choix et de pouvoir distribuer leur production dans toute la région, peut-être s’intéressaient-ils à la région. A cette vision originelle des pères fondateurs de la CEDEAO s’ajoute celle que se font les chefs d’Etat actuels dont la préoccupation est d’améliorer le poids de la région dans les négociations commerciales avec les autres blocs régionaux. Cette visée n’est pas d’ailleurs spécifique aux dirigeants de l’Afrique de l’Ouest. Elle sous-tend de façon générale le processus de régionalisation qu’on observe dans les quatre coins du monde.

Cependant, pour que le marché régional soit efficient et profitable pour tous les participants, le démantèlement tarifaire doit s’accompagner d’effort de convergence vers un cadre réglementaire commun et un cadre politique apaisé. Il est vivement attendu que l’union monétaire ait des répercussions positives dans ces deux domaines (qui handicapent la région).