Section 2 : Positions des différents pays à l’égard des effets potentiels

L’esprit de solidarité qui sous-tend la notion d’"union" (de quelle que nature qu’elle soit) place l’avantage collectif de l’ensemble des participants au-dessus des avantages individuels. Soulever, au moment des discussions, la question de la de répartition des coûts et des bénéfices que ladite union pourrait induire aurait même quelque chose d’« antinomique ». Il est, cependant, évident qu’en ce qui concerne les Etats, l’adhésion à une union (ou à un projet de création d’union) ne saurait être un acte désintéressé. La « Théorie de formation endogène des coalitions » enseigne d’ailleurs qu’en général, l’adhésion d’un pays à tout accord de coopération repose sur la "profitabilité"96. L’idée étant que les gains des membres d’une coalition sont supérieurs à ceux qu’ils auraient obtenus dans un cadre non-coopératif. Au sens de cette théorie, l’impact économique d’une union monétaire devrait donc être profitable à tous les membres. L’optimum de Pareto n’est pas nécessaire. Il suffit que ceux qui gagnent puissent indemniser ceux qui perdent. Ce qui conduit le rapport Emerson (1990) à comparer l’impact économique potentiel d’une union monétaire à un jeu à somme positive. La création d’une union monétaire au sein de la CEDEAO profiterait-elle à tous les pays membres ?

Pour essayer de répondre à cette question, nous cherchons à identifier, dans un premier temps, les avantages les plus significatifs auxquels les pays ouest-africains sont en droit d’attendre individuellement au regard de leur situation monétaire actuelle (que l’état des lieux monétaires dressé dans le premier chapitre a révélé). Puis, dans un deuxième temps, nous tenterons d’évaluer les retombées commerciales en tenant compte de la taille et de la structure économique de chaque pays.

Notes
96.

Dont l’extrême position est le "passager clandestin".