b. La complémentarité climatique

Les disparités climatiques et environnementales constituentaussi un facteur déterminant du potentiel commercial des pays membres de la CEDEAO. La subdivision de la région en 3 zones climatiques distinctes entraîne la formation de 3 sous-ensembles économiques différents. Selon la "théorie des avantages comparatifs", la spécialisation qui découle de telle « dotation naturelle » de facteurs de production constitue un facteur potentiel d’échange commercial. Les trois sous-ensembles déterminés par les conditions climatiques (visibles sur la carte ci-dessous) présentent les caractéristiques suivantes :

  • la partie de la côte atlantique (Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée, Sierra-Leone et Liberia). Ces pays disposent d’importantes potentialités halieutiques et agricoles, mais sont peu tournés vers le marché régional (ils sont plutôt tournés vers le marché européen). Ils réalisent néanmoins beaucoup d’échanges avec la Côte-d’Ivoire (cf. tableau 2.3) qui pourrait donc leur servir d’accès au marché régional.
  • la bande du golfe de Guinée (Côte-d’Ivoire, Ghana, Bénin, Togo et Nigeria). Cette zone constitue le sous-ensemble où se localise le plus grand potentiel d’échanges intra-régionaux en raison de son niveau d’industrialisation et de ses ressources agricoles, minières et démographiques. Elle représentait près de 80% du PIB régional en 2004 et 71% de la population totale (soit plus de 186 millions d’habitants). Si elle se tournait un peu plus vers le marché régional, elle pourrait en constituer le moteur. Mais cela n’est pas totalement le cas en ce moment, même si le Bénin, la Côte-d’Ivoire, le Ghana et le Togo sont relativement actifs dans le marché régional.

Source : Club du Sahel/OCDE

le sous-ensemble septentrional (Burkina Faso, Mali et Niger). Ces pays sont confrontés à deux types de problèmes : l’enclavement et la désertification. Ceci les rend très dépendants des deux premiers sous-ensembles tant en matière d’approvisionnement de leurs marchés vivriers en produits halieutiques que d’accès au transport maritimes (pour leurs exportations et leurs importations extrarégionales). Cependant, arrosés par le fleuve Niger108, le Mali et le Niger disposent de quelques bassins agricoles qui leur permettront de participer à la production. Par ailleurs, c’est dans ce sous-ensemble que se réalise l’essentiel de la production cotonnière de l’Afrique de l’Ouest109. Ce qui constitue une source de revenus pour les habitants de ce sous-ensemble ; revenus qu’ils pourraient utiliser pour acquérir les biens que les conditions climatiques de leur zone ne leur permettent pas de produire et qui sont produits dans les deux autres sous-ensembles de la région.

Notes
108.

Qui prend sa source en Guinée.

109.

Troisième producteur mondial (13%) derrière les Etats-Unis (37%) et l’Asie (17%).