3.1.4 La Communauté de l’Afrique de l’Est

A l’instar des anciennes colonies françaises, quatre anciennes colonies britanniques de l’Afrique de l’Est (Kenya, Ouganda, Tanganyika et zanzibar) avaient maintenu, après leur accession à l’indépendance, la monnaie unique instaurée entre elles par la Grande Bretagne pendant la colonisation. Appelée "Shilling", cette monnaie était alignée sur la livre sterling (les réserves extérieures étaient tenues en titres exprimés en livre sterling) et gérée par le "Conseil Monétaire de l’Afrique de l’Est" dont la création remonte en 1919.

En 1967, chaque pays a crée sa propre Banque centrale et mis en circulation sa propre monnaie tout en gardant le nom "shilling". Selon une étude réalisée par l’IMAO en 2006116, les Etats ont fait ce choix parce qu’ils se sont rendus compte que l’union monétaire compromettait la discrétion dans la mise en œuvre de la politique monétaire nationale. Les trois formes de shilling (c’est-à-dire les trois monnaies nationales qu’ils émettaient respectivement) étaient cependant convertibles en livres sterling et avaient cours légal dans les trois pays participants à l’accord monétaire. Les transferts de capitaux s’effectuaient également sans difficultés entre eux.

Mais la nationalisation des banques en Tanzanie (formée par fusion de Tanganyika et de zanzibar) en 1967, l’adoption de politiques de contrôle de change au Kenya et en Ouganda (pour réduire la fuite des capitaux) sur fonds de décomposition de la zone sterling (accumulation d’importants déficits commerciaux par l’Angleterre, dévaluation de la livre sterling en 1967, décision de laisser flotter la livre, perte de son rôle hégémonique au profit du dollar,…) ont entraîné l’arrêt de l’utilisation « indifférenciée » des trois monnaies nationales dans les transactions intra-communautaires en 1977. Et en 1983, la Communauté de l’Afrique de l’Est fut officiellement dissoute.

Parmi les unions monétaires actuellement en vie, quatre émergent du lot pour leur caractère achevé. Il s’agit de la zone franc, de l’union monétaire européenne, de l’Organisation des pays de la Caraïbe de l’Est et de la zone monétaire commune de l’Afrique australe. La première ayant été largement décrite dans le premier chapitre et la seconde devant l’être dans le troisième chapitre, on se limite à la présentation des deux dernières.

Notes
116.

Document de travail, décembre 2006.