Section 1 : La théorie des zones monétaires optimales : application aux pays membres de la CEDEAO

L’objet de la théorie des zones monétaires optimales est illustré par l’exemple de Mundell partant sur deux régions (pays) fortement ouvertes l’une vers l’autre et produisant deux biens [substituables]. Suite à un choc qui affecte l’une d’entre elles, un glissement de demande s’opère de la région touchée vers l’autre région. Naturellement les conséquences suivantes sont observées : une augmentation du chômage et un déficit de la balance courante, dans la région touchée, et une surchauffe entraînant une pression sur le niveau des prix et un excédent de la balance courante, dans l’autre région.

Face à un tel déséquilibre, il est habituellement considéré qu’une dépréciation de la monnaie de la région touchée par rapport à la monnaie de l’autre région permet de résoudre simultanément les problèmes apparus dans les deux régions. Lorsqu’une variation du taux de change n’est pas possible, existe-t-il des mécanismes naturels capables de produire le même effet ? Replacé dans le contexte monétaire international des années 60, cette question était l’objet de discussion entre défenseurs de fixité des taux de change (instaurée par les accords de Bretton Woods) et partisans de régime de change flottant. La théorie des zones monétaires optimales n’est qu'un prolongement de ce débat. L’idée de base est la détermination de l’espace géographique optimal à l’usage d’une monnaie unique.

La présente section comporte deux points. Le premier point étudie le projet d’unification monétaire de la CEDEAO à la lumière des critères "traditionnels" ou "classiques" des ZMO, c’est-à-dire les critères de Mundell et les critères proposés par les auteurs de sa génération. Le deuxième point poursuit l’étude sur la base des nouvelles approches développées dans le prolongement de la théorie des ZMO, en l’occurrence les approches empiriques centrés sur l’identification de la nature et de l’ampleur des chocs asymétriques réels auxquels les pays candidats à l’unification monétaire sont exposés, le fédéralisme budgétaire et les approches prenant en considération les aspects dynamique de l’intégration (c’est-à-dire la "théorie endogène des ZMO").