c. Corrélation croisées des cycles économiques en Afrique de l’Ouest

Le calcul des corrélations entre les cycles économiques (appréhendée par leurs PIB réels) des pays candidats à l’unification monétaire permet d’avoir une information sur la nature des chocs (symétrique ou asymétrique selon qu’il s’agit de corrélation positive ou négative) et sur leur importance (selon la valeur absolue de la corrélation). Une forte corrélation (positive) entre les cycles d’activités nationaux représente plutôt un atout en faveur de la constitution d’une zone monétaire entre les pays concernés.

Pour apprécier le degré de synchronisation des cycles économiques dans l’espace CEDEAO, nous utilisons les taux de croissance annuelle des PIB réels que nous considérons, à l’instar de Oulmane et Ripoll-Bresson (2003)133, comme représentatif de l’activité économique. Les données sont extraites de la base de données de la Banque Africaine de Développement (BAD) et couvrent la période de 1968 à 2005. L’omission de la Guinée et de la Guinée-Bissau est due au fait que leurs données ne sont pas complètes. La matrice des corrélations croisées des PIB réels est présentée dans le tableau suivant :

Tableau 3.8 : Corrélations croisées des cycles économiques en Afrique de l’Ouest
  Ben B.F C.I Gam Gha Mali Niger Nigeria Sénég S.L Togo
Benin 1                    
B.Faso 0,16 1                  
C.Ivoire -0,21 0,16 1                
Gambie -0,45 -0,11 0,11 1              
Ghana 0,24 -0,08 0,00 -0,19 1            
Mali -0,29 -0,05 0,21 0,27 -0,15 1          
Niger -0,01 0,47 0,23 -0,25 0,18 0,00 1        
Nigeria -0,07 0,02 0,23 -0,13 0,42 0,04 0,12 1      
Sénégal -0,13 0,42 0,25 -0,02 -0,38 0,26 0,29 0,03 1    
S.Leone -0,12 -0,12 0,11 0,03 0,02 -0,14 0,01 0,20 -0,06 1  
Togo 0,19 -0,06 0,15 -0,02 0,25 -0,11 0,03 0,13 -0,21 -0,12 1

Source : calcul de l’auteur à partir de données de la BAD

Le tableau montre des corrélations très faibles dans l’ensemble et négativement corrélées dans 24 cas sur les 55 possibles. La corrélation la plus élevée (entre les cycles d’activité du Burkina Faso et du Niger) est de 0,47 et la plus faible (entre les cycles d’activités du Ghana et Côte-d’Ivoire ; Mali et Niger) est de 0,00. Les pays ouest-africains sont caractérisés donc par des cycles économiques différents, voire même opposés. Et de ce fait, ils n’ont pas intérêt à instaurer une monnaie unique entre eux, du moins à ce niveau de leur développement économique, le coût à supporter risque, en effet, d’être plus élevé que les gains à espérer. A moins que les pays candidats soient en mesure d’évoluer vers un fédéralisme budgétaire ou soient capables d’alimenter un fonds de compensation et de solidarité.

Notes
133.

Qui ont appliqué la méthode proposée par Beine et Coulombe (2002) sur les pays au Sud de la Méditerranée.