a- Considérations politiques

La Bundesbank a acquis toute sa réputation sur le terrain de la lutte contre l’inflation. Aux yeux des autorités monétaires allemandes aucun des gains dont l’Union monétaire est supposée être porteuse ne peut compenser la perte d’un tel acquis. Le seul argument qui pouvait convaincre l’Allemagne à adhérer à une union dont certains membres ont une longue tradition inflationniste était de garantir que la BCE serait à l’image de la Bundesbank. Autrement dit, qu’elle aurait non seulement pour mission principale le maintien de la stabilité des prix mais aussi qu’elle allait bénéficier d’une indépendance politique totale. Cette dernière condition étant considérée comme indispensable pour permettre à la banque centrale de s’opposer au penchant naturel des Etats à financer leur déficit budgétaire par émission monétaire155.

Pour persuader davantage les autorités monétaires allemandes, le traité de Maastricht va octroyer plus d’indépendance à la Banque centrale européenne que n’en a la Bundesbank. En effet, outre le principe cité ci-dessus, plusieurs autres passages du traité réaffirment cette indépendance. C’est notamment le cas des articles relatifs à la révision des statuts de la BCE156 et à son interdiction d’accorder tout concours financier aux Etats membres ou d’acquérir directement des instruments de leur dette (art., 104, 1). Les modalités de souscription à son capital dénotent également ce souci d’indépendance. Comme on va le voir dans le point qui suit, cette préoccupation politique rejoint les préoccupations dominantes des économistes.

Notes
155.

Une des principales sources d’inflation.

156.

Alors que la modification des statuts de la Bundesbank pouvait être obtenu sur une simple majorité du parlement allemand, celle des statuts de la BCE ne peut l’être qu’à l’unanimité des membres.