2.1.1 L’UEMOA : à la fois frein et tremplin à l’intégration monétaire régionale

L’existence de l’UEMOA constitue à la fois un avantage et un obstacle dans le processus d’intégration régionale en général et pour l’instauration de la zone monétaire unique en particulier.

a. L’UEMOA en tant qu’obstacle à la réalisation de l’Union monétaire régionale

Bien que reconnaissant à la CEDEAO son rang d’"organisation intégratrice de référence", l’UEMAO continue à inscrire son action dans le processus de l’intégration continentale. Sur le plan régional, elle maintient son ambition d’élargissement en affirmant formellement, dans son préambule, sa disponibilité à accueillir en son sein tout pays ouest-africain qui en ferait la demande et qui serait prêt à adhérer à ses objectifs et à respecter ses règles fondatrices. Aucune contrainte économique préalable n’est imposée à l’Etat demandeur ; il s’agit beaucoup plus de conditions juridiques que des considérations économiques (les conditions économiques ne s’appliquent que quand le pays devient membre). L’admission de la Guinée-Bissau en (ancienne colonie portugaise) en est la preuve.

Cependant, la facilitation de l’accès à l’Union n’est que formelle, car la possibilité d’élargissement de l’UEMOA est limitée non seulement par les accords de coopération monétaire qui la lient avec la France, mais aussi par sa propre capacité à intégrer. En effet, si l’UEMOA ne s’est pas fixée de limites, on sait quand même que par définition la capacité d’intégration d’une Union se mesure à l’aune de son aptitude à accueillir de nouveaux adhérents sans mettre en péril les objectifs établis par ses traités. En particulier, l’élargissement de l’UEMOA au Nigeria est pour le moins problématique compte tenu du poids économique de ce pays et de sa mauvaise gouvernance. Il ne s’agit pas là d’une simple spéculation, mais bien d’une certitude puisque la demande d’adhésion à la zone franc avait été officiellement exprimée par le Président nigérian en 2001269 et que les autorités françaises n’ont pas voulu donner suite.

Tableau 5.3 : Poids de différentes combinaisons des pays ouest-africains dans le PIBfrançais
France UEMOA UEMOA+ZMAO (sans le Nigeria) UEMOA+ZMAO (y compris le Nigeria)
2001,5 48,7 72,6 170,3
Rapporté au PIB français 2,4% 3,6% 8,5%

Source : Calcul de l’auteur à partir de données la BAD (pour la partie africaine) et Statistiques financières internationales du FMI (pour le PIB français) ; année de référence : 2006

Il apparaît que l’élargissement de l’UEMOA à tous les pays de la région conduirait à la formation d’un bloc représentant 8,5% du PIB français (proportion non négligeable). Il est douteux que la France accepte de garantir un ensemble qui fait plus de 5 fois sa population.

En revanche, l’UEMOA pourrait bien se fondre dans la CEDEAO mais la longueur d’avance qu’elle a prise en matière d’intégration rend absurde cette solution.

Notes
269.

Demande formulée dans une allocution prononcée au cours de la visite officielle qu’Olusegun Obasanjo (alors Président du Nigeria) a effectuée en France.