b. L’impact de l’inconvertibilité des monnaies sur le commerce intra régional

Dans les développements précédents, nous avons noté l’ancienneté des relations commerciales en Afrique de l’Ouest. Outre le troc, ces échanges s’effectuaient grâce au pouvoir libératoire régional que certains biens avaient acquis. Dans sa description fonctionnelle des monnaies ouest africaines ante-coloniales, J.M. Servet (1998) note que certains biens transmis lors de cérémonies (mariages, funérailles, …), des rites (initiations à un groupe d’âge, offrandes, …) ou d’infractions (injure, écart de conduite,…),… avaient un caractère régional. Ce fut le cas de certains types de pagnes, de certaines formes métalliques ou la poudre d’or ou encore certains coquillages, notamment les cauris. Très recherchés en prévision des évènements énumérés, ces biens étaient acceptés en échange d’autres biens. Ce qui avait fini par leur conférer de fait le caractère de monnaie régionale.

Le problème de la convertibilité est apparu à partir de l’interdiction de ces monnaies et de leur remplacement par les monnaies des pays colonisateurs. La naissance des Etats, après les indépendances, a apporté d’autres raisons (évoquées ci-dessus) de rendre inconvertibles276 les monnaies nationales. Lorsque cette inconvertibilité découlait de l’orientation politique (le socialisme à la soviétique), elle était perçue comme une simple mesure visant à protéger l’espace économique national. En revanche, depuis l’amorce de la libéralisation économique et plus encore avec l’accélération de la construction régionale l’inconvertibilité des monnaies nationales commence a être perçue comme un obstacle à l’essor des échanges commerciaux et ce pour deux raisons principales :

Notes
276.

A l’exception du franc CFA.

277.

Puisque les banques ne peuvent pas rapatrier l’argent qu’elles gagnent dans le pays hôte.