2.2.5 Pour les pays indécis et les pays à recaler
Tout en restant en dehors des accords formels, les pays indécis devront néanmoins avoir un accord de fixité de change avec l’Union monétaire formée afin qu’un cadre favorable à leur intégration se crée progressivement. Ils devront également accepter la convertibilité de leur monnaie et adhérer aux différents accords commerciaux de l’Union afin de pouvoir commercer avec les pays membres. Si la porte de l’Union doit leur rester ouverte, ils devront éviter, de leur côté, toute forme d’entente entre eux pour ne pas s’installer dans une logique de concurrence et de dumping cambiaire.
Si l’émancipation de la BCEAO se passe sans accroc, on peut supposer que tous les pays membres actuels de l’UEMOA feront partie de la première vague de l’Union monétaire. Si pour quelques raisons que soient, certains d’entre eux décidaient de ne pas faire partie de « l’avant-garde »283, ils devront accepter néanmoins un statut d’associés pour préserver l’unité et les acquis (matériels et immatériels) de l’UEMOA.
Les idées développées dans cette section peuvent être résumées comme suit :
- Premièrement, il est peu probable que les pays non membres de l’UEMOA parviennent à constituer une union monétaire suivant la stratégie adoptée par les pays européens à Maastricht pour la création de l’euro. La récente étude commandée par la Commission de la CEDEAO pour rechercher des options alternatives à la voie suivie actuellement est révélatrice. Les efforts à fournir pour réaliser les critères de convergence sont difficiles à supporter pour des économies sans marges de manœuvres (pauvres, surendettées, à déficits chroniques,…).
- Deuxièmement, si l’instauration d’une union monétaire couvrant toute la région n’est pas impossible, faute de facteurs incitatifs (notamment en matière de commerce intra régional), il faudrait trouver une voie simple. Au regard de plusieurs arguments, nous avons estimé que le plus simple et le plus réaliste serait de passer par l’UEMOA. Non seulement l’UEMOA dispose d’une longue expérience en matière d’intégration monétaire, mais aussi son ouverture aux pays de la région constitue une des solutions préconisées pour améliorer son efficience. Concrètement, notre approche se résume en trois points :
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- la rupture des accords de coopération monétaire liant l’UEMOA à la France ;
- au lieu de construire une deuxième union monétaire autour du Nigeria (dans le but de ramener le nombre de monnaies à 2 avant de procéder à la fusion), le faire autour de l’UEMOA (remarquons que cette voie aussi pourrait ramener le nombre de monnaies à 2, c’est-à-dire élargir l’UEMOA284 aux 5 pays qui devaient former la seconde union monétaire autour du Nigeria) ;
- envisager à terme une fusion de l’Union ainsi formée avec le Nigeria.
On peut aussi envisager de construire l’union monétaire sur « l’espace naturel » de l’Afrique de l’Ouest non sur l’espace institutionnel. Ce qui permettra de mieux profiter de la zone franc.
Notes
283.
Pour paraphraser l’ex-président nigérian Obasanjo, à l’origine de l’initiative de l’approche accélérée de l’intégration régionale qui préconise l’envoi d’avant-garde pour toute idée susceptible de faire avancer le processus d’intégration.
284.
L’adhésion de la Guinée-Bissau en 1997 atteste de la faisabilité de cette option.