B. Le choix de la période

Ce que nous avons voulu faire au départ, c’est étudier la constitution de la capitale à partir de sa fondation en 1834 et analyser la mobilité sociale et géographique de ses résidents. Mais nous avons rencontré deux problèmes. Tout d’abord la disponibilité des sources nous a imposé comme point de départ la décennie 1860. Sinon l’archive des actes de mariages est lacunaire -vu que les cérémonies ne sont pas régulièrement enregistrées- ce qui ne nous permet pas d’étudier la mobilité. Le point d’arrivée correspond au début des deux guerres balkaniques en 1912 – 1913, après lesquelles, un nouveau chapitre commence pour la capitale.

La période qu’on étudie (1860-1910) est une période des forts rythmes de croissance de la population de la capitale, qui pendant un demi-siècle gagne en moyenne plus de 2.000 habitants par an. En même temps l’infrastructure athénienne s’améliore avec la mise en chantier des grands travaux publics : liaison par voie ferrée d’Athènes au Pirée (1869) achevée en 1904 ; construction des grands boulevards (Syggrou 1903) et d’hôpitaux ; premières installations du tout à–l’égout (1882) ; premiers asphaltages des rues (1905) dans les quartiers du centre. L’automobile (1896), qui se généralise vers 1909, le téléphone (1908), l’électrification de la ville (1910) vont donner une allure européenne à la capitale grecque.

Une image très intéressante de la société athénienne au tournant du siècle est donnée par la Grande Encyclopédie Hellénique publiée en 192612.

‘« La société de la capitale, habituée à la vie sous le joug, ne connaissait pas les aisances matérielles et ne sentait pas les besoins que crée la prospérité de la civilisation, elle vivait dans des conditions très simples. Des besoins de la vie aujourd’hui considérés comme indispensables pour les plus modestes manières de vivre, étaient totalement inconnus ou étaient considérés comme du luxe ou étaient jugés comme des sottises. Diverses professions (…) étaient inconnues ou provoquaient le rire, la risée, la colère, l’exaspération ou le déshonneur. Les boutiques des fleuristes, les parfumeries, les écoles de danse, les polissoirs des chaussures étaient inconnus et sont apparus à Athènes après 1882 ». ’

L’utilisation de l’habillement européen est faite progressivement et lentement :

‘« C’était un spectacle hilarant de voir des personnes habillées moitié européen et moitié grec. Des ateliers de tailleur des vêtements et de chapeaux (fessi) grecs commençaient à fermer. Des Italiens et des Allemands ouvraient des ateliers européens pour les hommes et des Françaises pour les femmes » 13 . ’

Pour une meilleure compréhension de la constitution de la nouvelle capitale nous étudierons la période de 1860 à 1910.

Notes
12.

Grande Encyclopédie Hellénique (sous la direction de Pavlos Drandakis), Tome 2, deuxième édition, Athènes, Editions Pirsos, 1926, p. 174. (Bibliothèque Gennadios).

13.

Grande Encyclopédie Hellénique, 1926, p.175.