Le gouvernement transitoire après Capodistria avait, dès le mois de mai 1832, attribué à Stamatis Kleanthis et Eduard Schaubert, élèves de Karl Friedrich Schinkel, architecte allemand néoclassique, l’élaboration du nouveau plan d’urbanisme d’Athènes. Il n’avait pas encore été décidé qu’Athènes serait la capitale du royaume. Le projet a été rédigé et soumis en décembre 1832, puis approuvé le 29 juin 1833 par le Régent, enfin confirmé par le décret royal le 6 juillet de la même année59. Selon ce plan les remparts de Hasékis auraient été démolis et la ville se serait étendue à l’Ouest, au Nord et à l’Est. Dans ce projet la zone de la vieille ville, au Nord de l’Acropole, aurait été expropriée, (protégée) et des fouilles auraient été effectuées. Le triangle des rues Stadiou, Pireos et Ermou aurait été le noyau de la ville, et il était prévu que le Palais royal, ainsi que différents ministères auraient été construits sur la place d’Omonia.
Source : C. Biris, Athènes du XIXe au XXe siècle, Athènes, éditions Melissa, 1995 (b’), p.28.
Cependant, alors qu’à la fin de l’année 1833 le plan commençait à être mis en œuvre et les habitants ont réalisé l’étendue de la zone des expropriations, des protestations se sont élevées de la part des propriétaires. Une vague d’accusations de spéculation ont été lancées. Le mécontentement général a conduit le Régent à ordonner la suspension de l’application du projet le 11 juin 183460. Le célèbre architecte bavarois Leo von Klenze, est appelé de Munich pour examiner le projet. Sa visite de juillet en septembre 1834 a abouti à l’élaboration d’un nouveau projet, ou plutôt à une révision de celui qui était prévu initialement61. Les points principaux de ce plan consistaient à diminuer la surface des fouilles –avec pour limite la rue Adrianou, à rendre les rues plus étroites et donner de la surface aux places, et faire disparaître les avenues à l’intérieur de la ville. (Il a été proposé d’exploiter les ruelles existantes avec de petites corrections et légers redressements au lieu de nouvelles rues droites (sur tracé orthogonal) et enfin le Palais royal a été déménagé et par conséquent tout le centre administratif de la ville de la place d’Omonia sur la colline d’Agios Athanassios, au-delà des rues Ermou et Pireos. Selon le plan de Klenze la ville aurait dû couvrir une surface de 2,102 kilomètres carrés, au-delà desquels l’extension aurait été interdite62.
Source : C. Biris, 1995, p.37.
Le plan de Klenze a été approuvé le 18 septembre 1834. Le même décret proclame Athènes Capitale du Royaume63. Le projet Klenze est mis en oeuvre immédiatement, deux mois et demi avant qu’Athènes obtienne le titre de capitale. Cependant les modifications de Klenze diminuent les problèmes sans les éliminer. Le début des démolitions pour l’ouverture des nouvelles rues Eolou, Ermou et Athinas, ont provoqué des réactions de la part des habitants. Le gouvernement ne leur avait pas accordé, comme convenu, un terrain dans un endroit différent. Les travaux ont été interrompus maintes fois, pour continuer grâce à des renforts policiers, et sous les protestations de la Municipalité même. Vu les difficultés qu’avait le gouvernement pour soutenir économiquement les expropriations prévues, il a été décidé le 11 novembre 1836 que la surface archéologique serait diminuée. Cette décision est connue comme la modification Hansen - Shaubert64. D’autres changements, plus limités, surviennent tout au long du XIXe siècle. La conséquence des changements répétés a été la préservation d’une grande partie de la ville ancienne, et donc le retardement de l’extension prévue de la capitale dans ses nouvelles limites. Finalement, la ville a été réorientée en direction du Palais royal65.
Leonidas Kallibretakis, 1996, p.177.
C. Biris, Les premiers plans d’Athènes, Athènes, 1933, p.13-15.
C. Biris, 1933, p.16-21.
Dimitrios Eginitis, 1927, p.321b.
Corinthe, Nauplie, Argos, Tripoli, Syros et la région de Mégare étaient candidats pour le titre de la capitale du royaume. Mais Athènes avait d’office plus de probabilités de l’obtenir grâce à son ancien prestige.
C. Biris, 1933, p.22-32.
Leonidas Kallibretakis, 1996, p.181.