A. Les travaux d’infrastructures

Même si au cours de cette période beaucoup d’améliorations peuvent être observées en comparaison avec la période précédente, les problèmes principaux d’Athènes ne sont pas réglés, et continuent à gêner les Athéniens pour de nombreuses années encore.

Dans le domaine de l’irrigation, pendant toutes ces années, les autorités municipales s’étaient orientées surtout vers le nettoyage et la stérilisation des anciens aqueducs Mais à la fin de la décennie 1860 cependant, et à cause de la sécheresse, l’attention de la municipalité s’est tournée vers la « source de Dexameni ». Des travaux ont permis de retrouver, lors d’investigations hydrologiques les veines de cette « source », l’ancienne citerne de l’époque d’Adrien ; elle a été restaurée en 1871. Avec cette citerne, l’aqueduc vers Agio Dimitri a lui aussi été retrouvé mais détruit par la chute de murs. Alors une canalisation maçonnée a été construite allant de Dexameni à Agio Dimitri, passant par les rues Xanthipou, Xenokratous, Dinokratous, Gelonos, Panagi Kiriakou, Alexandras et Panormou. A cause de l’habitat très dense de la région, l’eau qui se trouvait dans la canalisation était facilement polluée. Donc, des conducteurs d’acier ont été disposés : un de 600 mm de diamètre jusqu’à la rue Karachristou, et à partir de là jusqu’à la citerne municipale et la citerne d’Hadrien, deux encore de 400 mm de diamètre124.

Cependant le rythme soutenu des constructions de la capitale lors de la décennie 1870, son expansion au-delà du vieux centre et celle du réseau de distribution, l’augmentation de la population ainsi que de l’utilisation de l’eau dans des jardins et l’arrosage des rues augmentent périodiquement la demande. En effet en 1889125, alors que la population de la capitale s’élève à 150.000 habitants, l’Attique souffre encore une fois d’une intense période de sécheresse et les sources d’eau potable dont disposait la municipalité ne peuvent fournir qu’entre 15-30 litres par habitant par jour126. Les seules régions irriguées de manière satisfaisante sont le centre de la ville et la région autour de la place de Syntagma. Dans les autres quartiers, l’eau est distribuée avec parcimonie et pas tous les jours. Selon les distances et les points importants, il y avait des fontaines publiques, avec un bassin devant pour abreuver les bêtes de somme. Lors des périodes de grande sécheresse les habitants ne pouvaient s’approvisionner en eau que par ces fontaines, et ce parfois que pour quelques heures et selon les jours127. Lors de ces périodes d’aridité ou de pollution de l’aqueduc, les vendeurs d’eau jouaient un rôle important. Les «fontainiers», employés par la municipalité, offraient de l’eau des fontaines publiques et les «porteurs d’eau», grâce à des tonneaux et des cruches chargés sur leurs chariots, portaient et vendaient de l’eau venant des régions en dehors d’Athènes comme Maroussi, Pendeli, Kaissariani, la source d’Agia Zoni ou la grande fontaine de Kypseli (sur la rue Fokionos Negri). Le porteur d’eau Spiros Louis, 1er vainqueur Olympique au Marathon de 1896, demanda pour récompense une carriole afin de déplacer plus facilement ses cruches d’eau 128.

De 1880 jusqu’aux débuts de la décennie 1920, beaucoup d’études seront menées129 sur l’initiative de la Mairie, de l’Etat et de Banques afin de faire face au problème d’approvisionnement d’Athènes en eau. Mais à chaque fois le manque de fonds rend impossible l’application des propositions. L’accord entre l’Etat grec et l’entreprise américaine Ulen, pour la construction du barrage de Marathon, est signé en décembre 1924 et confirmé quelques mois plus tard, en avril 1925.

Une raison récurrente de la pollution du réseau d’approvisionnement en eau et des puits –utilisés par les Athéniens surtout pour le ménage de la maison- constituait les égouts absorbants, dans lesquelles se faisait l’évacuation des eaux, vu que dans la plupart de la ville il n’y avait pas d’égouts. En 1866 l’égout voûté de la rue Stadiou a été prolongé jusqu’à la place d’Omonia (en passant par les rues Athinas et Efpolidos), et en 1890 jusqu’aux rues Pireos et Zinonos. En 1882 une colonne centrale a été construite sur la rue Marnis, sur le courant de Vathia. Elle ne faisait cependant qu’éloigner les déchets des bordures de la ville vers le quartier de Prophitis Daniil où ils étaient versés à la campagne. D’ailleurs ces eaux étaient utilisées par les jardiniers pour leurs cultures ; ils arrosaient leurs légumes avec. Il est calculé qu’en 1893, alors qu’il y avait un besoin d’un réseau d’égouts d’une longueur de 84.420 mètres (selon l’étude de Quelleneck), la longueur de ceux qui existaient ne dépassait pas les 11.500 mètres130, c’est à dire 1/8 de ce qui était nécessaire131.

Après 1922, la ville n’avait toujours pas d’égouts, ni de colonne centrale d’égouts et les épidémies de typhus, d’entérite et de fièvre continuaient à frapper la population. En 1928 la construction d’une colonne centrale d’égouts venait d’aboutir. Elle allait de la région du Prophète Ilias jusqu’au Nouveau Phalère. Puis des égouts souterrains ont été créés dans 17 courants découverts de la ville. En 1930 une loi réglemente la bonne construction de fosses d’aisance dans les habitations132.

Au début de cette période, mais aussi la plupart du temps, la majorité des rues restaient non pavées ; Couvertes de graviers, usées par les roues des carrosses, les chariots et les sabots des bestiaux, elles présentaient un problème majeur de la capitale, à cause de la poussière en été et de la boue en hiver. C’est seulement en1905, sous le maire Spiridon Mercouris qu’on commencera à goudronner les rues à Athènes. La première rue à l’être (par l’entreprise The London Asphalt Co. et contre 20 francs le mètre carré)133 est la rue Eolou puis les rues autour du théâtre municipal. A la fin de la même année c’est le tour des rues Stadiou, Athinas, Panepistimiou et de la place Omonia, et en 1906 la place Syntagma et les rues qui en partent.

Notes
124.

Anastasios Pappas, « A Athènes des temps modernes », in Journal Kathimerini, Sept Jours, L’approvisionnement en eau d’Athènes, 24 mars 2002, p.19.

125.

Le manque d’eau dans la capitale est souligné dans les notes du Comte De Moüy en 1881 comme dans celles de Elie Cabrol en 1889.

126.

Aujourd’hui, la consommation d’eau moyenne des Athéniens (tous usages compris) est d’environ 270 litres d’eau par personne par jour. Eftihia Nestoridou, 2002, p.23.

127.

C. Biris, 1995, p.255.

128.

Eftihia Nestoridou, 2002, p.23.

129.

Nous mentionnons (de manière caractéristique) la proposition Angelopoulou - Quellenek pour l’irrigation par le lac Stymphale. Aussi la proposition de Tzouras pour l’exploitation des sources du fleuve Kifissos en 1899. Puis enfin la proposition de 1906, venant de la commission spéciale des Ingénieurs qui aboutissait au fait que les besoins en eau pouvaient être couverts par des sources de l’Attique.

130.

En 1832 il y avait à Paris 37 kilomètres d’égouts souterrains et en 1850 le réseau d’égouts couvrait une distance de 358 kilomètres. Maurice Garden, « Paris », in J. L. Pinol (dir), Atlas historique des villes de France, Hachette, Centre de Cultura Contamporània de Barcelona, 1996, p.41.

131.

Α. Georgalas, « La nouvelle ville », in Athènes, Encyclopédie moderne Eleftheroudakis, Athènes, éditions Ν. Nikas & Cie, 1927, p.371-382.

132.

C. Biris, 1995, p.300.

133.

C. Biris, 1995, p.253.