B. Les progrès techniques

La création de l’usine de la Compagnie Française de Gaz à Athènes a été décidé en 1857. Cinq ans plus tard, les infrastructures du gaz d’éclairage sont inaugurées et ainsi la capitale en bénéficie pour la première fois. Cependant, l’utilisation de l’éclairage au gaz s’est généralisée seulement pendant les années 1880 dans tous les commerces et presque toutes les habitations de la capitale, alors que parallèlement l’éclairage municipal a augmenté. On est passé en effet de 250 lanternes à 800 lanternes en 1880 et à 2.700 lanternes en 1891. Avec l’accord qui a été signé entre la municipalité et la compagnie d’éclairage au gaz en mars 1907 la ville s’est illuminée par des lanternes fonctionnant grâce au système Auer ; en mai 1907 il existait 4.000 lanternes de ce type134. En 1889 le gouvernement donne son accord pour la production et la distribution de lumière et de puissance électrique à la Compagnie Générale de travaux forfaitaires. Cependant les résultats de cet essai ne sont pas concluants et seul le centre de ville reçoit l’électricité (c’est à dire la région qui était délimitée par les rue Panepistimiou, Sofokleous, Athinas et Ermou).

En 1894, Κ. Nikolaidis fonde la Compagnie Grecque, représentant la compagnie française Thomson Houston de la Méditerranée et achète la compagnie précédente. En 1902 un changement notable apparaît : Nikolaidis fonde dans la région du Nouveau Phalère une usine plus grande, qui produit de l’électricité de 3.000 kilowatts, 5.500 volts, 25 périodes ce qui couvre les besoins d’Athènes, ceux du Pirée, et rend service aux industries et aux transports. En 1910 alors que le maire était Spiridon Merkouris, la municipalité installe sur ses deux places centrales c’est à dire Syntagma et Omonia un éclairage électrique puissant effectué par des lampes électriques photovoltaïques et les années suivantes voient l’éclairage électrique s’étendre jusqu’aux rues Panepistimiou, Amalias, Pireos et Agiou Konstantinou.

A la fin de la décennie 1860, en février 1869, le chemin de fer reliant le Pirée à Athènes, plus précisément avec le quartier du Théssio, est achevé. A cette époque ce quartier n’était pas encore considéré comme faisant partie du centre ville. Comme l’écrivent aussi les guides Wilberg et Hachette « La gare est à l’entrée de la ville, à l’extrémité sud de la rue d’Hermès; Distance 10 kilomètres ; Trajet en 25 minutes »135. Le passage souterrain reliant le chemin de fer avec Omonia, au croisement de la rue Athinas et Lykourgou, c’est à dire avec le centre-ville est construit en 1895. Au début la partie Monastiraki - Omonia était reliée par une seule ligne et c’est pour cette raison que les rames, pour la partie Théssio - Omonia, circulaient avec deux locomotives, l’une au devant et l’autre à l’arrière du train. En septembre 1904, le chemin de fer se transforme en train électrique (grâce à la Compagnie Electrique Grecque) et parallèlement la ligne est dédoublée sur tout son trajet. Les trains étaient composés de 3 à 6 compartiments, dont 2 ou 3 étaient des voitures électriques et le reste des voitures remorquées.

Le tramway a fait son apparition à Athènes pour la première fois aux débuts des années 1880. La compagnie belge Laminoirs, Forges et Fonderies de Jemmapes, Victor Demerbe et Cie, met en circulation en 1882 des appareils légers, fermés en hiver, de 16 places, et ouverts en été, de 20 places, tirés par trois chevaux136. Les premières lignes reliaient le centre d’Athènes avec les banlieues (de cette époque) –Patissia, Ambelokipi, Kolokynthou- et Omonia avec Zappio, la région du Gazi et le quartier du Keramikos. Cette même compagnie a fondé en 1887137 le premier tram à vapeur reliant Athènes avec le Phalère, composé de 5 à 7 voitures légères, de 24 places lorsqu’il était fermé et de 28 places lorsqu’il était ouvert. Le tram partait de la rue Panepistimiou, à l’Académie ; de là, traversant les avenues Panepistimiou, Amalias et les rues Dionissiou Aeropagitou, Dimitrakopoulou et Thisseos, elle arrivait aux quartier de Tzitzifies où deux lignes se séparaient: l’une allant vers le Vieux Phalère et l’autre vers le Nouveau Phalère138.

Le tramway était lent sur les montées et très bas, ce qui donnait l’impression qu’il se traînait par terre. Le peuple le baptisa Le Cul Bas. Les passagers étaient souvent obligés, sur la montée du quartier Gargaretta, de descendre des voitures et de pousser.

En février 1885, après 3 ans de travaux, la Compagnie anglaise inaugure la première partie du chemin de fer reliant Athènes au Laurion. Il partait de la place d’Attique jusqu’à Kifissia (en 45 minutes). Quatre mois plus tard, la deuxième partie allant du Nouveau Iraklio à Laurion (trajet de 4.5 heures) est inaugurée. Quatre ans plus tard, avec la fin de la construction de la ligne de la rue Kodriktonos à la rue du 3’ Septembriou, la station est transférée de la place Attiki à la place Laurion, à côté d’Omonia139.

A la fin du XIXe siècle les deux premières voitures apparaissent, elles ont d’ailleurs arrêté de fonctionner quelques années plus tard (avant la fin du siècle proprement dit). La première automobile qui « a réussi» à Athènes était l’automobile à essence de l’héritier Constantin. Aussi, les années d’après, l’utilisation de ce moyen de transport s’est tellement répandue les années suivantes, qu’en 1909 la Grèce prend part à un congrès à Paris pour l’établissement de règles d’utilisation et de circulation de ce nouveau moyen de transport.

Enfin en 1908 deux appareils téléphoniques ont été installés à la poste d’Athènes. Les appels se faisaient par un appareil dynamoélectrique mécanique et manuel, et la conversation se faisait au moyen d’une colonne électrique emboîtée dans l’appareil. Le réseau était aérien, tissé de fils électriques de bronze nus.

Notes
134.

Α. Georgalas, 1927, p.371-382.

135.

Au départ, le chemin de fer, qui fonctionnait à la vapeur, effectuait tous les jours 8 trajets. Les Dimanches il effectuait 9 trajets aller-retour, de 6 heures du matin à 7 heures du soir et le prix du ticket s’élevait à 1 drachme pour la première classe, 75 centimes pour la deuxième classe et 45 pour la troisième classe. C. Biris, 1995, p. 171. Selon le Guide français de 1890, un train partait d’Athènes toutes les demi-heures, à partir de 6 heures du matin jusqu’à 8 heures du soir. Après 8 heures, le train continuait à circuler jusqu’à minuit ; un train partait toutes les heures. Les billets coûtaient pour un simple allé : 95 centimes pour la première classe, 60 centimes pour la deuxième classe et 50 centimes pour la troisième classe. Pour les tickets aller-retour, il fallait payer : 1.60 drachmes pour voyager en première classe, 1.05 drachmes en deuxième classe et 0.85 drachmes en troisième classe.

136.

Le premier bus tiré par des chevaux a circulé à Nantes en 1826 et commencera à se généraliser à partir de 1830. Jean-Luc Pinol, 2000, p.119.

137.

Il vaut la peine de noter qu’à l’Ouest les trams sont électriques déjà depuis 1890. Jean-Luc Pinol, 2000, p.122.

138.

Le Guide Hachette en 1890 note les trajets suivants:. 1) Lignes urbaines a) Omonia – Gare ferroviaire d’Athènes- Pirée, b) Omonia – Ilissos. 2) Lignes des banlieues a) Omonia – Agios Loukas, b) Omonia – Kolokynthou, c) Omonia – Ambelokipoi, d) Palais Royal – Vieux et nouveau Phalère (carrefour – tramway à vapeur). Les prix des tickets étaient les suivant: du point de départ à la première station 15 centimes et de la première station à chaque station consécutive 10 centimes. Pour les enfants de 4 à 8 ans les prix étaient respectivement de 10 centimes et 5 centimes.

139.

Dans le même guide, il est possible de trouver les prix pour les trajets Athènes -Kifissia. Voir annexes, Tableau 4, p.335.