A. Le lieu du mariage

Nous notons que les mariages qui sont enregistrés dans les actes du Service de l’Etat Civil et qui sont célébrés à l’église, dans quelque chapelle ou bien au domicile du prêtre ne sont que 474 (15%) sur 3.211187. La plupart des mariages (82%) sont célébrés à domicile, un petit nombre de cérémonies ont eu lieu dans un hôtel et quelques-unes d’entre elles dans un bâtiment public (Banques, Ministère, Mairie, Université, Prison).

Tableau 14 : Lieu de célébration du mariage
Lieu N %
Maison 2.634 80
Eglise 364 11
Chapelle 90 3
Domicile du prêtre 20 1
Hôtel 73 2
Bâtiment public 16 0
Hors Athènes 11 0
Etranger 3 0
Inconnue 83 3
Total 3.294 100

Source: Actes de mariages de la Mairie d’Athènes. Dépouillement personnel

En ce qui concerne les mariages célébrés dans un hôtel, dans 28% des cas le mari travaille dans un Corps de la Sécurité, dans 25% des cas il exerce une haute profession libérale (c’est surtout des avocats) ou il s’enregistre tout simplement en tant que « commerçant », dans 13% des cas.

Un peu plus de 4 mariages sur 10 célébrés dans une maison se déroulent au domicile familial. Pour le reste de ces mariages nous notons une ambiguïté : le nom de l’hôte ne concorde pas avec le nom du mari ou avec celui de la femme ; ceci ne veut pas dire, toutefois, que la maison n’appartienne pas à un membre de la famille. La version la plus plausible est qu’il s’agisse d’une maison louée par la famille de la mariée. Le mariage, même s’il est modeste, est l’une des cérémonies les plus importantes et il demande des dépenses énormes ; c’est pour cela qu’il est rare d’effectuer une cérémonie dans un domicile qui n’est pas familial.

La cérémonie nuptiale est strictement une affaire de famille et surtout celle de la famille de la mariée. En effet 8.5 mariages qui ont lieu dans une demeure familiale (37% des mariages) sur 10 se déroulent chez la famille188 de la mariée189. Uniquement 175 mariages sont célébrés dans un domicile de l’entourage familial du marié ; dans la plupart des cas il s’agit du domicile ou de la demeure même du futur époux. Malgré le fait que la mariée aille souvent habiter avec sa belle-famille lors du mariage la famille du marié se limite à offrir quelques cadeaux. Pour finir, c’est plutôt dans la paroisse de la mariée que le mariage a lieu. En tout cas c’est ce que nous pouvons affirmer pour les mariages pour lesquels nous possédons l’adresse de la famille du couple.

Au premier abord les choses semblent compliquées lorsqu’on se penche sur les paroisses où les mariages sont célébrés. Dans les actes du Service de l’Etat Civil nous remarquons que d’une part il est noté le nom et la paroisse du prêtre qui célèbre le mariage (qui d’ailleurs signe l’acte) et de l’autre le lieu où le mariage est effectué. Si le mariage n’a pas été célébré à l’église, c’est la paroisse à laquelle appartient la maison ou l’hôtel qui est mentionnée. Nous avons rencontré 97 mariages (8%) qui ont été célébrés chez un membre de la famille du couple où la paroisse du prêtre diffère de celle à laquelle appartient l’immeuble où se passe la cérémonie. Ce phénomène est observé dans la plupart des cas lorsque le mariage est célébré chez un membre de la famille de la mariée (64%) ! Ce taux atteint le14% lorsque le mariage est célébré chez des tiers. Un fait encore plus remarquable : la moitié des mariages effectués à l’église sont signés par un prêtre appartenant à une paroisse différente ! En effet, comme aujourd’hui, les futures mariées souhaitent être unies par les liens du mariage par le prêtre qui avait marié leurs parents ou qui les avait baptisées. Nous trouvons donc les origines de cette tradition depuis au moins le XIXe siècle.

C’est dans les paroisses qui appartiennent aux deux secteurs de la ville regroupant un nombre important d’habitants que la plupart des mariages sont célébrés190 : dans la paroisse de Agios Konstantinos qui appartient au 6ème secteur, (11% des mariages celebrés) et dans les paroisses de Zoodohou Pigis (12%) et d’Agios Dionissios (6%) qui appartient au 5ème secteur. Le troisième secteur de la ville n’enregistre pas beaucoup de mariages même s’il s’agit d’un des secteurs les plus peuplés de la ville. Comme nous le verrons dans la troisième partie, ce secteur présente un caractère plus populaire. Mais comme nous avons déjà montré, dans la source que nous utilisons, il y a une sur-représentation des hautes et moyennes couches sociales. C’est ainsi que nous justifions la sous représentation que nous venons d’observer pour le 4ème secteur aussi.

Tableau 15 : Population et nombre de mariages selon les secteurs de la ville
Secteurs de la ville Actes de mariage Population
N % N %
A 455 19 11.149 18
B 324 13 7.108 12
C 250 10 11.952 19
D 244 10 7.121 12
E 699 29 12.221 20
F 477 19 11.496 19
Total 2.449 191 100 61.047 100

Sources: Actes de mariages de la Mairie d’Athènes. Dépouillement personnel. Ministère de l’Intérieur, Population 1879, Athènes 1881, p.50.

Notes
187.

En Grèce au XIXe siècle, mais aussi après l’adoption du Code Civil en 1946, seul le mariage religieux est reconnu. Ceci signifie cependant, comme le note le professeur et rédacteur du Code Civil, G. Balis dans son exposé « Le mariage a gardé son caractère exclusivement religieux jusqu’au jour d’aujourd’hui. Pour cause de conflits enracinés entre l’Eglise et l’Etat ou bien à cause du manque de concorde religieuse, le mariage politique a été introduit dans les mœurs d’autres pays ; ceci est loin d’être le cas chez nous. [ ] ... Nous n’avons aucune raison de remplacer l’ancienne cérémonie religieuse par une bureaucratie du mariage », « Discours introductif sur le Code Civil, devant sa majesté le roi », 17 décembre 1939, Journal Officiel, numéro 91, tome Α’, 15 mars 1940.

188.

Dans certains cas pour lesquels le lieu de célébration est le « domicile » ou la « résidence » de la mariée, et non pas la « résidence » des parents, soit le cas le plus habituel, les parents de l’épouse sont déjà morts. Il s’agit de la même chose pour les 19 mariages pour lesquels la cérémonie a lieu chez un oncle ou chez d’un frère de la mariée.

189.

Par ailleurs deux mariages célébrés en dehors du département de l’Attique sont célébrés au village de la mariée.

190.

Selon le recensement de 1879 les 3 secteurs les plus peuplés étaient la 3ème (qui regroupait 20% de la population de la capitale), la 5ème (20%) et le 6ème (19%) secteur.

191.

On compte encore 409 mariages qui sont célébrés dans les différents faubourgs de la capitale et encore 436 mariages pour lesquels ce n’est pas noté la paroisse où ils sont célébrés.