Malheureusement, pour la Grèce, il n’y a pas beaucoup de données disponibles sur la mortalité. Des chercheurs301 qui ont étudié la démographie en Grèce aboutissent à la conclusion suivante : Pendant le XIXe siècle, grâce au contrôle des grandes épidémies, à la longue période de paix et à l’amélioration du système de production et de circulation des produits alimentaires de base, la mortalité se stabilise, à des pourcentages élevés cependant. Ils notent par ailleurs qu’après 1890, la diminution de la mortalité, lente jusqu’alors, s’accélère. Ce fait est attribué à la réduction de la mortalité infantile et juvénile mais aussi à l’amélioration des conditions d’hygiène dans les grandes villes. Ces chercheurs considèrent que le XXe siècle marque le commencement d’une diminution accélérée de la mortalité infantile302.
Conformément aux Statistiques du mouvement annuel de la population 303, la mortalité en Grèce lors de la décennie 1864 - 1878 était de 20.7‰. Cette donnée est certainement erronée304. En France, pendant le Second Empire, la mortalité oscillait entre 22 et 24‰ tandis qu’en Allemagne, en 1868, la mortalité était de 28‰. En Italie méditerranéenne voisine, lors de la même période approximativement (1862-1871) la mortalité était de 30.3‰ ; elle s’est approchée de 21‰ lors de la période de 1902 à 1911 (21.3‰)305. Les problèmes portés par ces statistiques ont conduit deux chercheurs, V. Valaoras (1960) et G. Siampos (1973) à corriger ces chiffres et à proposer chacun ses propres estimations en ce qui concerne la mortalité en Grèce.
Périodes | Valaoras | Siampos |
1860-69 | 25.7 | 34.2 |
1870-79 | 24.3 | 31.7 |
1880-89 | 25.0 | 30.0 |
1890-99 | 22.6 | 28.4 |
1900-09 | 20.5 | 26.3 |
1910-19 | - | 22.9 |
Source : Valaoras V., «A reconstruction of the demographic history of modern Greece », dans Milbank Memorial Fund Quarterly, April 1960, Vol. XXXVIII, No. 2, p.132. Siampos G., Evolution démographique de la Grèce Moderne, Athènes, 1973.
Les estimations des deux chercheurs présentent de grandes divergences. En comparant les taux de mortalité grecque proposée par les deux chercheurs avec les taux de mortalité des pays méditerranéens (Italie, Espagne et Portugal)306, on constate que les taux proposés par Valaoras sont constamment plus bas que ceux des autres pays alors que ceux de Siampos sont toujours plus élevés. En tous cas, si nous supposons que le taux réel se situe quelque part entre les deux taux proposés à chaque fois par les deux chercheurs, et si nous comparons cette moyenne à la mortalité des pays ci-dessus, nous voyons bien qu’en Grèce la mortalité est toujours plus élevée qu’en Italie et au Portugal. Aux débuts du XXe siècle, l’Espagne fait exception car elle présente une mortalité plus basse qu’en Grèce, qui s’élève à 25%.
V. Valaoras, 1960, p.115–139. G. S. Siampos, Evolution démographique de la Grèce, 1821 – 1985, Athènes, 1973.
Aux débuts du XXe siècle, la mortalité infantile commence à diminuer dans presque tout le continent européen. Carlo A. Corsini et Pier Paolo Viazzo (ed.), The decline of infant and child mortality. The european experience : 1750-1990, Hague, Martinus Nijhoff Publishers/Kluwer Law International, 1997, p.xiii.
Dans ce recueil de données, la population est calculée en fonction du nombre de naissances et de décès qui ont été enregistrés pour l’année précédente, et non sur des enregistrements officiels.
A la fin de la décennie de 1860 il est admis que la mortalité en Angleterre était de 22.4‰ et que depuis elle a présenté une tendance à diminuer, comme en Suède (20,5‰) mais ces pays sont en réalité des exceptions. Patrice Bourdelais, L’âge de la vieillesse, Paris, 1993, p.394-395.
Patrice Bourdelais, 1993, p.394-395. Jacques Houdaille, 1978.
La mortalité en Italie est de 26,7‰ lors de la période 1862-1911, au Portugal de 21,3‰ pour la période 1886-1911 alors que pour l’Espagne s’élève à 24,9‰ lors de la période 1901-1910. Alain Monnier, « L’Italie, l’Espagne et le Portugal : situation démographique » in Population, 35e année, No 4/5 (Juil-Oct) 1980, p.927-957.