B. A la recherche de l’âge à l’arrivée à Athènes

La source utilisée ne nous permet pas d’examiner l’âge exact à l’arrivée des immigrés. Nous pouvons cependant faire quelques hypothèses à ce sujet. Nous avons calculé la part des Athéniens pour chacune des différentes tranches d’âge. La majorité écrasante des enfants d’un âge inférieur ou égal à 10 ans est née à Athènes366; cependant pour la tranche d’âge qui suit, nous remarquons que la part des Athéniens diminue considérablement. Les immigrés surpassent toujours les autochtones en nombre, même lorsqu’il s’agit de la population plus âgée. Nous pouvons par conséquent conclure que les immigrés qui arrivent à Athènes, mariés ou non, sont de toute façon sans enfants. Ou tout au moins ils ne sont pas accompagnés par leurs enfants.

Tableau 49 : Proportion des Athéniens de naissance dans les actes de l’état civil (%)
Groupe d’âge Actes de décès Actes de mariage
1859-1868 1879-1884 1899-1902 1862-1910
0-4 85 98 96  
5-9 68 89 81  
10-14 49 60 50  
15-19 40 44 39 52
20-24 32 38 33 44
25-29 27 33 28 34
30-34 22 32 24 25
35-39 24 32 24 22
40-44 21 30 25 20
45-49 20 29 26 19
50-54 19 23 25  
55-59 26 23 27  
60-64 21 24 30  
65-69 23 21 26  
70-74 28 28 24  
75+ 35 33 32  

Source : Actes de décès et de mariage de la Mairie d’Athènes. Dépouillement personnel.

Pendant la période 1879 à 1884, 6 personnes sur 10 âgées de 10 à 14 ans sont athéniennes. Pour la tranche d’âge supérieure, la part des Athéniens chute à moins de 50%. Vers 1900 le nombre des Athéniens qui appartiennent à ces deux tranches d’âge diminue. Il semble donc que les immigrés arrivent à Athènes de plus en plus jeunes.

Ce phénomène diffère selon le sexe de l’immigré. Chez les hommes, pour les deux périodes, dès l’âge de 12 ou/et 13 ans, la part des Athéniens se restreint sensiblement : seulement 3 personnes sur 10 sont autochtones. Il semble que les femmes immigrent vers la capitale à un âge plus avancé. Vers 1880, pour les 20-24 ans, nous trouvons encore plutôt des Athéniennes que des immigrées. Vingt ans plus tard, les immigrées sont les plus fréquentes dans le groupe des 15-19 ans. Nous pouvons donc supposer que vers la fin du XIXe siècle les immigrées arrivent à un âge plus jeune.

On peut conclure que les immigrés qui arrivent à la capitale sont jeunes, et qu’avec le temps ils deviennent de plus en plus jeunes. Par ailleurs, il semble que les hommes se dirigent vers la capitale pour tenter leur chance à un âge plus jeune que les femmes.

Notes
366.

Le même phénomène est observé à Paris, même si ce n’est pas avec la même intensité; sur les décès enregistrés en 1833, entre 65% et 70% des enfants sont nés au sein de la capitale française. Christine Piette, Barrie M. Ratcliffe, 1993.