D’après E. About au début des années 1850 Athènes était reliée seulement au Pirée, à Eleusis (et à partir de là vers Thèbes) et à Kifissia par une route carrossable. En Péloponnèse, deux routes reliaient Kalamaki à Loutraki et à Corinthe, et deux autres routes reliaient Nauplie à Argos et à Methoni. Comme il le note par ailleurs, « … toutes les routes partant d’Athènes ne sont en fait que des promenades pour les chevaux de la reine »368. Une brochure publiée en 1868 donne un témoignage intéressant :
‘« Ce pays est non seulement entouré par la mer, qui en fait une presqu’île, mais entrecoupé de nombreux golfes, plus ou moins profonds, dont un, celui de Corinthe, la traverse d’Occident en Orient presque de part en part. Pour les pays de cette configuration, tout en étant très utiles, les routes n’ont assurément pas ce caractère de nécessité absolue qu’elles ont ailleurs, où leur défaut frappe d’impuissance l’agriculture » 369 .’En réalité, la Grèce n’était reliée que par 150 km de routes carrossables jusqu’en 1862. La mise en place du Service des Voiries en 1867 développe la construction des routes : jusqu’en 1882, 547 km de routes carrossables ont été ouvertes. Cependant, le rythme s’accélère réellement après, lors du Gouvernement de Tricoupis (1883 – 1892), au cours duquel 1.346 km de routes carrossables sont créés370.
En Grèce la navigation s’est développée bien plus tôt371. Les îles et les ports étaient beaucoup mieux reliés à la capitale que l’arrière pays. Selon le Guide d’Athènes de 1860, Athènes, via le Pirée, était reliée par des bateaux à vapeur grecs avec la partie sud du pays, le reste de la Grèce Continentale, le Péloponnèse, les îles ioniennes, les îles du Golfe Saronique et l’île de Syros. La capitale était aussi reliée avec Mytilène, les côtes de l’Asie Mineure mais aussi avec l’Italie. Des bateaux à vapeur français et autrichiens effectuaient parallèlement des trajets plus ou moins vers les mêmes destinations. Mais ils effectuaient aussi et surtout des destinations lointaines, vers l’étranger, par exemple Salonique, Marseille, Trébizonde, Alexandrie, Chypre, etc.)372.
A ce qui concerne le réseau ferroviaire grec, il faut noter que les travaux permettant la liaison entre la capitale et le reste du pays ont tardé. Jusqu’en 1880, la seule voie ferrée qui existait couvrait 12 km et reliait Athènes (par la station de Théssio) au Pirée. Cependant, après 1883 et jusqu’en 1905, de nombreuses nouvelles voies vont relier la capitale à des villes importantes comme Larissa, Corinthe, Patras et Chalcis. Des voies ont été créées pour relier par ailleurs certaines villes grecques entre elles373. Les chercheurs374 ont abouti au fait que le réseau ferroviaire grec n’a pas favorisé les grands trajets en train mais a plutôt aidé des régions voisines, fermées depuis des siècles, à s’ouvrir l’une à l’autre ; la plupart des habitants se servaient du réseau pour des petits trajets, couvrant entre 25 et 40 km.
Edmond About, p.101.
Pierre A. Moraitinis, La Grèce telle qu’elle est, Paris, 1877. Re-édition, Athènes, 1986, p.434.
Christina Agriantoni, « Economie et industrialisation en Grèce du XIXe siècle », in Vassilis KremmYdas (dir), Introduction à l’histoire économique de la Grèce moderne et contemporaine (XVII e – XIX e siècles), Athènes, éditions Tipothito, 1999, p.156.
De manière indicative, V. KremmYdas « Commerce et navigation » in Vassilis KremmYdas (dir), Introduction à l’histoire économique de la Grèce moderne et contemporaine (XVII e – XIX e siècles), Athènes, éditions Tipothito, 1999, p.13-43.
La nouvelle Athènes,2001, p.67-68.
Plus en détail, les lignes les plus importantes qui ont été ouvertes au public à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle: en 1883 la ligne Pirgos - Katakolo (Péloponnèse), en 1884 Pirée-Corinthe - Eleusis (et de là correspondance pour Mégare), en 1885 Athènes (Place d’Attique)-Kifissia et Athènes-Laurion, en 1886 Volos - Larissa et Corinthe- Argos - Nauplie, en 1887 Pirée-Patras, en 1890 Lehena – Amaliada – Pirgos – Olympie (Péloponnèse), 1891 Messolongi – Agrinio - Krioneri, en 1900 Athènes - Larissa, en 1902 Pirgos – Kiparissia - Meligala, en 1904 Pirée - Thèbes - Chalcis (et de là correspondance avec Lévadie) et enfin en 1905 la ligne Pirée - Melouna.
Lefteris Papagiannakis, Les chemins de fer grecs, 1882 – 1910, Athènes, 1982, p.190.