Chapitre IX. La hiérarchie des métiers

A. Les sources utilisées

L’exploitation systématique des archives municipales s’avère nécessaire pour l’étude de la composition socioprofessionnelle de la capitale puisque les tableaux publiés des recensements ne couvrent qu’une période de 20 ans et ils ne sont pas assez détaillés. La source que nous utiliserons principalement est les actes de décès413. Les actes que nous avons dépouillés correspondent à des périodes où il n’y avait pas de grandes épidémies, de guerres ou de gros problèmes économiques. Il s’agit donc de périodes « normales ». Selon Valaoras414, pour le total du pays, l’enregistrement officiel des décès est effectué lors de la première période pour 82% des décès, pour la deuxième période dans 66% des cas et pour la troisième période pour 98% des décès. Nous pouvons donc considérer que les résultats tirés de l’analyse statistique des actes de décès du Service de l’Etat Civil sont représentatifs des groupes socioprofessionnels. Il est certain que cette source ne résout pas la question de la place de chaque individu dans le cadre de son emploi. Mais vu que pour la première période nous trouvons 430 professions différentes et pour la deuxième période 670, nous pouvons discerner plus en détail la réalité de la composition socioprofessionnelle de la population athénienne.

Par ailleurs, nous utiliserons des actes notariés provenant des archives du notaire d’Athènes D. G. Vouzikis des années 1886-1891 et 1905-1909. On y a relevé 609 baux de location de maisons, 485 baux de location de boutiques et 46 contrats d’embauche de domestiques et d’employés en boutique, ainsi que 43 contrats de vente et de location de carrosses, 24 contrats de vente d’équipement de boutiques, 11 de lait, 6 de moût de raisin et 10 de bêtes, mais aussi des contrats d’embauche d’« agriculteurs » et d’« ouvriers » pour effectuer des travaux agricoles. Il s’agit d’une source archivistique très riche, non utilisée jusqu’à présent, qui nous aidera à comprendre la « réalité » de chaque profession.

Finalement, l’utilisation du guide de N. Igglessis de 1905, nous aidera à saisir la répartition des activités professionnelles au sein de la capitale.

Malheureusement, tant pour les actes de décès, que pour le guide d’Igglessis, l’activité féminine est presque inexistante. Sur la totalité des actes du Service de l’Etat Civil nous ne trouvons que 300 femmes dont la profession est enregistrée et il s’agit surtout de servantes. Par ailleurs dans le guide d’Igglessis nous comptons 100 femmes dans la liste avec l’adresse des habitants et 200 dans celle des professionnels. Dans cette source les femmes sont enregistrées surtout en tant que sages femmes ou couturières. Nous nous contenterons donc d’étudier la population adulte masculine. Les actes notariés dépouillés pourtant nous aiderons à esquisser la place des servantes, des couturières, des institutrices et de sages-femmes dans la société athénienne.

Notes
413.

Les actes de mariage du Service de l’Etat Civil au cours du XIXe siècle, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, se caractérisent par la sur - représentation des corps de la Sécurité et des fonctionnaires, mais aussi des hautes professions libérales.

414.

Vasilios G. Valaoras, « A reconstruction of the demographic history of modern Greece », in The Milbank Fund Quarterly, April 1960, Vol. XXXVIII, No. 2, Tableau 4, p.135.