Il est clair que la source utilisée ne nous aide pas à séparer le patron de l’ouvrier qualifié. Par exemple nous savons par le recensement de 1879 que 143 cordonneries fonctionnaient à Athènes. Selon les actes de décès de la période 1879-1884, 109 cordonniers décèdent dans la capitale. Il est donc certain que l’ouvrier qualifié travaillant en cordonnerie a été enregistré en tant que cordonnier, comme son patron. A mes connaissances, il n’y a aucune source sur la taille des ateliers et sur le nombre des ouvriers travaillant dans ces ateliers pendant le XIXe siècle. On ne dispose des renseignements que pour 1920 quand 91% des industries et manufactures en Grèce étaient de petite taille et occupaient de 1 à 5 ouvriers415. Par conséquent –et à cause des sources utilisées- dans cette catégorie du monde de l’artisanat et de la boutique sont inclus aussi certains ouvriers ce qui gonfle le pourcentage de cette catégorie.
Dans une société comme celle d’Athènes de la deuxième moitié du XIXe siècle, les limites entre la « petite industrie » et l’entreprise artisanale ne sont pas très claires. Pour cette raison nous avons décidé d’intégrer dans cette catégorie les personnes qui connaissent un métier. En effet, maîtriser une technique discerne l’individu par rapport aux autres et nécessite une certaine période d’apprentissage. Par ailleurs, la connaissance d’un métier permet le passage du statut d’employé à l’indépendance. Le boulanger, le pâtissier, le coiffeur, le charpentier, le couturier, le cordonnier et l’horloger sont quelques-uns de ces métiers qui sont inclus dans cette catégorie416. Enfin, nous avons inclus dans cette catégorie les entrepreneurs de maisons ; Même si dans le recensement de 1907 ils sont enregistrés dans la catégorie « professions libérales » en tant qu’« entrepreneurs de travaux techniques », nous pensons que lors du XIXe siècle l’entrepreneur est en même temps un artisan.
Lors de la décennie 1860 l’âge moyen au décès est pour les artisans - boutiquiers plus bas que la moyenne : de 44 ans au lieu de 46. A la fin du XIXe siècle, alors que l’âge moyen au décès de la totalité des hommes actifs hausse à 49 ans, pour les artisans il est de 45. Pour les trois périodes les personnes exerçant dans l’imprimerie ou la reliure présentent l’âge au décès le plus faible : en moyenne, il s’élève à 37 ans. Suivent les personnes exerçant dans le vêtement et la céramique. Au contraire ceux qui travaillent dans le traitement du cuir présentent l’âge au décès le plus élevé (51 ans) en moyenne.
X. ZOLOTAS, La Grèce au stade de l’industrialisation, Athènes, Banque de la Grèce, 1964 (b’), p.117.
Voir Annexes Tableau 11, p.355-357, pour une liste détaillée.