6. « Ouvriers »

Dans les actes de décès il est très rare –une fois sur trois- que le terme « ouvrier » est accompagné d’une qualification comme : ouvrier à la Manufacture de tabac, ouvrier de gaz d’éclairage, ouvrier machiniste. Ces gens connaissent un métier, ont une connaissance acquise par l’expérience qui les différencie des autres « ouvriers ». D’ailleurs le fait que la personne qui déclare le décès de l’ouvrier connaisse aussi sa spécialité est important. Peut être qu’il s’agit d’une volonté de la personne de se distinguer des simples ouvriers. Les ouvriers présentent l’une des plus faibles moyenne d’âge au décès : 44 ans contre 48 ans pour le reste de la population.

Dans cette catégorie437, nous avons inclus également ceux qui exercent dans la construction438, comme les maçons et les tailleurs de pierre. A part quelques exceptions très rares la reproduction du métier d’ouvrier en bâtiment se faisait par le système empirique de la transmission de la technique439.

Dans quelques contrats, lorsqu’un propriétaire embauche quelqu’un pour cultiver un champ ou pour s’en occuper, cet homme se déclare quelquefois jardinier et d’autres fois « travailleur ». Les quelques ouvriers agricoles sont donc inclus dans cette catégorie.

La réalité de chaque profession est caractérisée par de nombreuses situations. Nous le voyons lors de la lecture des écrits de cette époque. Dans les archives de Vouzikis nous trouvons 3 contrats d’embauche d’ouvriers qualifiés. Dans le premier440 Georges F., commerçant et propriétaire, embauche pour un an Angelis I. A., fabriquant de bougies. Angelis se doit d’exercer son métier mais aussi d’effectuer toutes les tâches assignées à la boutique ; Georges F., de son côté, se doit de tâcher à veiller à la nourriture de son employé. Dans le deuxième441, le commerçant Georges P.442 embauche dans sa boutique de couture Dimitris S., couturier de vêtements européens, pour un laps de temps de 6 mois. Ses tâches ne se limitent pas uniquement à l’exercice de son métier : il doit aussi diriger la boutique et noter les bénéfices et les dépenses dans les livres correspondants. Enfin, en 1891, Georges T., tourneur, embauche le mécanicien Ioannis Z. pour 10 ans en tant qu’associé dans sa tournerie, à côté de la Cathédrale, dans le centre commercial de la capitale. L’ouvrier doit exercer le métier du charpentier. Il recevra un salaire et tous les mois les gains seront partagés entre les deux partenaires. Bien entendu, pour 5 ans, le patron va recevoir une part des revenus de son associé afin de compléter la moitié de la valeur du capital de l’entreprise.

Notes
437.

Voir Annexes, Tableau 12, p.358 pour une liste détaillée.

438.

Les tableaux publiés du recensement grec de 1907 et du recensement français de 1891 classent les métiers du bâtiment dans l’industrie.

439.

Michalis Riginos, Formes de travail infantile dans l’industrie et l’artisanat, 1870-1940, Athènes, Institut de recherches néohélleniques - Centre National de Recherches, 1995, p.68.

440.

Acte notarié no 2.903 du 19 août 1889.

441.

Acte notarié no 2.052 du 2 novembre 1888.

442.

Dans le Guide d’Igglessis de 1905, Georgios P. est enregistré en tant que vendeur de tissus. Sa boutique se trouve sur la rue Eolou, au numéro 6, à côté de la place de Monastiraki. La maison du commerçant se trouvait sur la rue Epikourou, dans le quartier commercial du Psirri.