L’approvisionnement en électricité534 et en eau535 de toutes les maisons athéniennes est effectué dans l’entre-deux-guerres. Lors de la période étudiée il existe encore des quartiers comme Neapoli, Metaxourgio, Vathia ou Psirri, où l’eau est commune pour tous les appartements/chambres et où le locataire doit utiliser les puits ou la fontaine de la cour. Seul le centre ville et les rues autour de la place de Syntagma étaient équipées à un point satisfaisant. Lors des périodes de sécheresse, les gens pouvaient s’approvisionner en eau grâce aux fontaines publiques pendant quelques heures et quelques jours par semaine. Souvent le contrat de location prend aussi l’eau en compte et le propriétaire, est celui qui a « la responsabilité de débourser régulièrement à la Caisse municipale les droits convenus pour l’eau ». En 1889, où il y avait un manque de pluie à la capitale, les contrats présentaient aussi la mention suivante :
‘« Si, en cas de sécheresse ou pour cause de raisons indépendantes de la volonté du propriétaire, il y a un manque d’eau à la maison du propriétaire ou sur l’étage en location, le propriétaire n’est pas responsable et le locataire ne peut avoir aucune exigence ou prétention envers le propriétaire ».’Les Athéniens utilisaient pour de nombreuses années les braseros et le charbon pour se chauffer. Dans les contrats de location le propriétaire cède aux locataires le droit sur le sous-sol pour le stockage de leurs combustibles. Pour l’éclairage ils utilisaient des lampes à pétrole ou des lampes à huile. Dans le milieu rural du début du XXe siècle, la consommation mensuelle moyenne de pétrole était de 0,9 litres par personne (le prix moyen d’un kilo de charbon entre 1885 et 1903 était de 0.04₤). En 1905 existent 40 commerces de charbon. Quelques-uns se trouvent au centre de la capitale, sur la rue Panepistimiou ou dans le quartier de Kolonaki536.
Cependant les dépenses pour le chauffage, l’éclairage et l’eau dans la capitale méditerranéenne devaient absorber un pourcentage du budget familial moins important que pour les familles de la ville anglaise de York en 1899 qui en déboursaient les 5-6%, ou de la totalité de la classe ouvrière en Grande Bretagne qui dépensait 10% de son budget en 1913537.
Il est étonnant de constater que le salaire de l’ouvrier qualifié dans l’artisanat à Athènes était un des plus bas des pays de l’Europe Occidentale. Par exemple en 1888 le salaire d’un ouvrier athénien dans la confection était de 1.9₤ (60 drachmes) et en 1880 le salaire de son collègue en Angleterre est de 5₤ (144drachmes), en France de 3.5₤ (102drachmes), en Italie de 3₤ (86 drachmes) et en Espagne et en Allemagne de 2.5₤ (71 drachmes)538. De plus, les salaires journaliers dans le domaine de l’industrie à la fin du XIXe siècle et au début du XXe sont assez faibles en comparaison à ceux de la période précédente539. Aussi, les prix des aliments dans la capitale, selon l’article de l’auteur Emm. Roidis, semblent se trouver au même niveau que ceux des autres pays540. La combinaison de ces deux faits semble conduire, ou mieux même, « obliger » les couches populaires de la capitale à exercer une vie ascétique. Un choix qui semble être en fait un chemin obligatoire lorsque l’ouvrier a une famille. Ainsi, l’autoconsommation était apparemment la solution obligatoire. Mais en dehors du coût de la nourriture, le coût de la location, comme il est présenté dans les contrats de location, semble être encore plus important pour cette catégorie de la population. En plus, la moitié des contrats sont rédigés à la fin de la période de l embauchage afin de régler la totalité des salaires. De ce fait on peut conclure que souvent l’argent liquide manquait lors des échanges et ceux-ci étaient donc effectués à crédit. Des difficultés qui sont encore rencontrées au début du XXe siècle, et qui touchent non seulement les couches populaires mais aussi les ménages mondains541. Ces difficultés cependant dépendent non seulement du niveau du salaire mais aussi des revenus.
La période de 1889, où a été érigée la première usine de production d’énergie électrique jusqu’à 1899, était considérée comme une période d’expérience pour le produit. Ce domaine commencera à progresser après la fin du XIXe siècle. Par exemple en 1900 le nombre des clients de la Compagnie Electrique Grecque était de 238 alors qu’en 1910 les clients de la C. E. G. était de presque 16 fois plus (3.730). Nicos S. Pantelakis, L’électricité en Grèce. De l’initiative privée au monopole de l’Etat : 1899-1956, Athènes, Editions Banque Nationale de Grèce Fondation Culturelle, 1991, p.106 et 167.
La convention entre l’Etat Grec et la compagnie américaine Ulen, avec laquelle la solution du barrage du Marathon a été adoptée a été ratifiée en 1925. Athènes est approvisionnée par ce système jusqu’à nos jours.
N. G. Igglessis, Guide de Grèce 1905-1906, Athènes, 1905.
E. J. Hobsbawm, 1990, Annexes, diagramme No 45.
« Salaires journaliers dans le milieu urbain », in Economiki Epitheorissis, Année 7, Feuille 84, février 1880, p. 529-532. (Bibliothèque Institut de recherches néohélleniques – Centre National de Recherches).
Christina Agriantoni, 1999, p.145-176.
Emm. Roidis, 1978, p.211-217.
Langalerie L. de, « Athènes et son peuple » in Revue politique et littéraire, Revue Bleue, 96, 1916, Paris, p.605-608. Bibliothèque Municipale de Lyon.