Chapitre XV. La répartition dans l’espace

Athènes reste pour la totalité du XIXe siècle mais aussi au début du XXe siècle, géographiquement parlant, une petite, ville avec une faible densité de population. Même après les décennies de 1870 et de 1880 où l’explosion démographique a été enregistrée au sein de la capitale, les limites de la ville, en comparaison de celles de 1834, vont tout simplement doubler. La fin des années 1900 marque un premier grand changement, lorsque la surface de la ville atteint les 19km2 et le deuxième changement se fait en 1940 quand la surface de la capitale couvre une étendue de 38km2. La densité de la population lors de cette période reste faible : 171 personnes par hectare en 1879 et tout juste 75 personnes en 1907671.

Dans ce chapitre, nous étudierons le phénomène de la ségrégation dans cette petite capitale où la couche moyenne domine et où les immigrés constituent la plus grande partie de la population majeure. Notre étude va se baser sur deux sources. D’un côté les actes de décès, qui grâce à l’enregistrement du lieu de résidence de l’individu, nous permettront d’esquisser la ségrégation entre les différentes couches sociales. De l’autre côté, les baux de location672 des maisons nous aideront à pointer du doigt les différentes distinctions notées entre les différents quartiers de la capitale.

Jusqu’a présent l’opinion qui domine pour le XIXe siècle mais aussi pour le début du XXe en ce qui concerne la structure sociale et l’organisation urbaine de la capitale, est que les couches inférieures étaient installées dans les quartiers du sud et du sud-ouest, dans l’ancienne ville ottomane et plus tard dans les quartiers limitrophes vers l’ouest, tandis que les couches moyennes et supérieures sont domiciliées dans le centre ville actuel et à l’axe de l’avenue Vassilissis Sofias673. Cette perception, bien qu’exacte, constitue seulement un pan de la réalité athénienne.

Notes
671.

La réduction de la densité de la population est la conséquence du fait qu’entre les deux dates la population double, mais l’étendue de la ville est multipliée par cinq, avec l’insertion des régions agricoles peu habitées en son sein.

672.

On a déjà écrit qu’en Grèce même pendant le XXe siècle, les personnes font des accords sur parole sans passer devant le notaire. On se demande alors pourquoi il y a un nombre important de baux de location dans le fond d’archives de Vouzikis. On ne peut faire que des hypothèses. Je pense qu’il s’agit d’une question d’assurance pour le propriétaire. Vu que les maisons athéniennes sont d’une petite dimension, c’est assez probable que le propriétaire n’habite pas dans le même immeuble que le locataire ou dans le même quartier pour qu’il puisse le contrôler.

673.

C. Biris, 1995 (b).