1. Les années 1860

En 1860, la petite capitale est constituée des quartiers de Plaka, de Monastiraki et d’une part du quartier de Psirri. Vers le Nord, la frontière est presque la place d’Omonia alors qu’à l’Est la ville s’étend jusqu’à la rue Skoufa. Entre ces limites très restreintes, la ségrégation des couches sociales n’est pas très forte.

Les limites de la ville d’Athènes en 1862. (Régions en bleu et marron)
Les limites de la ville d’Athènes en 1862. (Régions en bleu et marron)

Source : Détail de la carte « Evolution d’Athènes depuis 1833 (sur le plan au 1/10.000 du Ministère des Travaux Publics) »,dans Lya et Raymond Matton, Athènes et ses monuments du XVIIe siècle à nos jours, Athènes, IFA, 1963.

Les couches populaires de la population semblent surtout habiter aux frontières de la nouvelle ville : dans le quartier de Exarhia (paroisse Z. Pigis) mais aussi dans une partie du quartier de Psirri, surtout dans la paroisse de Agios Dimitrios mais aussi dans la paroisse des Agioi Anargiri. Elles se concentrent aussi dans 7 autres quartiers, qui font tous partie du noyau d’origine de la capitale. Cinq d’entre elles685 constituent d’ailleurs les limites de la vieille ville (les quartiers en marron sur la carte) alors que 3 se trouvent au pied de l’Acropole. Si nous observons ces paroisses sur le plan, nous pouvons remarquer que c’est comme si elles encerclaient le Bazaar (les vieilles Halles) sur la rue Eolou.

1859-1868. Couches populaires. Lieu d’habitation. Echelle 1 : 50.000
1859-1868. Couches populaires. Lieu d’habitation. Echelle 1 : 50.000

Source : Actes de décès 1859-1868. Cartographie N. Tsigkas.

Les couches plus aisées habitent surtout dans la paroisse de Agios Georgios Karitsis, dans la paroisse de la Metamorfossis Sotiros mais aussi au quartier d’Exarhia, un quartier qui rassemble aussi la plus grande partie des couches populaires de la population. Les deux premières paroisses se trouvent aux limites de la vieille ville. La première se trouve en voisinage immédiat avec l’Université, le tribunal de première instance, la banque nationale, et a comme limite à l’Est le boulevard de la ville, la rue Panepistimiou. La deuxième est très proche du palais royal, du jardin royal et de la place de Syntagma. La présence importante de l’élite est observée dans d’autres quartiers de la vieille ville aussi : dans la paroisse de Romvi (près de la Cathédrale et du Ministère de l’Education), la paroisse des Agioi Theodori (c’est-à-dire dans le quartier qui encercle le premier palais, la banque nationale et d’autres institutions de l’époque et qui est délimitée par deux grands axes : l’avenue Panepistimiou et la rue Athinas mais aussi par la place d’Omonia) et dans le quartier de Psirri (Agioi Anargiri et Agios Dimitrios).

1859-1868. Elite. Lieu d’habitation. Echelle 1 : 50.000
1859-1868. Elite. Lieu d’habitation. Echelle 1 : 50.000

Source : Actes de décès 1859-1868. Cartographie N. Tsigkas.

Les paroisses où réside l’élite athénienne sont les mêmes que celles où résident les couches populaires de la population ; nous observons donc une coexistence des deux couches sociales extrêmes. Il n’y a pas de paroisses où résident uniquement les couches sociales aisées. Au contraire, les paroisses qui se trouvent dans la partie ouest de la rue Ermou et celles qui se trouvent au pied de l’Acropole sont habitées par les couches populaires uniquement. Aussi, nous remarquons que les couches populaires, qui comptent plus de personnes que l’élite, sont plus dispersées dans le territoire, ce qui est visible même si nous appliquons nos résultats, non à l’échelle de la paroisse mais à l’échelle du quartier. Il semble donc qu’il y a coexistence dans les quatre quartiers les plus importants de la ville, que les couches aisées sont beaucoup plus présentes dans le centre commercial de la capitale alors que les couches populaires sont plus nombreuses dans le quartier de Monastiraki - Plaka.

Tableau 38 : 1859-1868. La présence des couches sociales dans divers quartiers de la ville (%)
Quartiers Couches populaires Elite
Centre commercial 14 34
Monastiraki - Plaka 43 37
Psirri - Koumoundourou 20 16
Exarhia 13 13
Patissia 3 0
Divers 7 0
Total 100 100

Source : Actes de décès de la Mairie d’Athènes. Dépouillement personnel.

Notes
685.

Il s’agit des paroisses : Karitsi, Agios Filippos, Metamorfossi, Agia Ekaterini et Agioi Apostoli. Les deux autres paroisses sont celles de Romvi et de Monastiraki.