C. Les baux de locations athéniens

Selon le recensement de 1879, 3.661 des 7.233 maisons de la ville sont habitées par leurs propriétaires alors que 3.572 sont habitées par des locataires. La moitié des maisons de la capitale sont donc en location. L’étude statistique de 609 baux de location, relevés dans les archives notariales, nous aide à étudier le loyer moyen payé par chaque catégorie professionnelle ainsi que le montant moyen des loyers par quartier. Le loyer moyen au sein du Dème d’Athènes lors de la période 1886-1891 est de 2.51₤ alors que lors de la période 1905 – 1909 il est de 2.74₤. Une augmentation de 9% est donc notée.

Source : Fond d’archives du notaire D. G. Vouzikis. Dépouillement personnel.

Les loyers qui ont un prix inférieur à 2£, alors qu’elles représentent presque la moitié du total des locations à la fin du XIXe siècle, se réduisent lors de la période qui suit. Au contraire, entre les deux périodes, le taux des maisons à loyer bien plus élevé (plus de 3£) augmente. En 1905⁶⁹², le salaire d’un employé en basse position de la Banque nationale de Grèce (parmi les employés les plus bien rémunérés) était de 5.6£ alors que celui d’un employé à une position « intermédiaire » était de 11£. Il semble donc que les loyers soient assez chers au sein de la capitale. La répartition des trois couches sociales selon le loyer mensuel que ses membres déboursent confirme leur situation économique. Lors des deux périodes, les couches populaires et les couches moyennes dominent dans les tranches des loyers les moins chers alors que l’élite paye les loyers les plus chers.

Source : Fond d’archives du notaire D. G. Vouzikis. Dépouillement personnel.

Source : Fond d’archives du notaire D. G. Vouzikis. Dépouillement personnel.

Pour les deux périodes le loyer moyen que déboursent les hommes appartenant aux couches populaires est toujours inférieur au prix moyen des loyers. D’ailleurs, ce sont les agriculteurs qui paient le loyer le moins cher. Au sein des couches moyennes c’est les artisans qui paient le loyer le moins élevé (il s’agit d’un loyer d’ailleurs moins cher que le loyer moyen athénien). Au contraire le prix du loyer payé par les propriétaires, les fonctionnaires et les militaires est bien plus élevé. L’élite athénienne est celle qui dépense le plus d’argent pour se loger. Et même si pour l’élite ou les propriétaires le montant du loyer est plus ou moins attendu, le loyer coûteux déboursé par les fonctionnaires nous interpelle. Lors des années 1880 le salaire moyen d’un fonctionnaire⁶⁹³ est de 3.9₤. Le loyer moyen de 2.7₤ semble donc particulièrement élevé. Il est de même pour les militaires. Il semble donc que la tendance de la couche moyenne à imiter l’élite, comme l’a d’ailleurs mentionné Mitsakis, est assez marquée chez la classe des fonctionnaires et des militaires.