Deux ans après l’assassinat de Capodistria (1831), le roi bavarois Othon arrive en Grèce. La Régence –qui gouvernera jusqu’aux 18 ans de Othon, voulant organiser la statistique officielle de Grèce, forme en 1834710 le Bureau de l’Economie Publique pour (entre autres) la rédaction « … de tableaux commodes du nombre de la population »711 et « … de listes précises des habitants de toutes les villes, bourgs, villages, monastères etc. »712. Avec l’aide de ce Bureau (qui relève du Ministère de l’Intérieur et qui se compose de trois conseillers, d’un ingénieur, de deux secrétaires et d’un greffier), l’administration grecque effectue des dénombrements de la population chaque année, de 1836 jusqu’en 1845, à un rythme irrégulier et ensuite en 1848, en 1853 et en 1856713.
Jusqu’en 1845, les résultats des dénombrements n’étaient pas publiés. C’est en 1846, que pour la première fois le Journal Officiel publie les résultats mais seulement ceux concernant le total de la population. Dans ce Journal Officiel ont été publiées toutes les données des dénombrements de 1839 jusqu’en 1844, groupées par préfecture et sous-préfecture et pas par commune, ville et village, ni par sexe ou âge. Pour les dénombrements de 1836, 1837 et de 1838, il n’y a pas de publications officielles. Les données sur la population suite au dénombrement de 1845 ont été publiées dans le J.O. 17 du 2 juin1847.
Dans le J.O. 22 du 5 août 1850 ont été publiés des tableaux sur la population de 1848, groupés par préfectures, sous-préfectures et communes qui ont été basés sur des tableaux préfectoraux. Pour les années 1849, 1850, 1851 et 1852, on dispose des données du mouvement de la population. Les résultats sont fournis à partir de la population du dénombrement de 1848.
La rédaction des tableaux de la population de 1853 est basée, encore une fois, sur des tableaux préfectoraux. Dans le J.O. 57 du 31 décembre 1854, ces données se présentent groupées par préfectures, sous-préfectures et communes. La population de 1854 et 1855 est calculée à partir du mouvement naturel et sur la base de la population de 1853. Finalement, en 1856, le Bureau a effectué son dernier dénombrement de la population grecque.
Avec le décret du 26 juillet 1861, le Bureau de l’Économie Publique, se divise en quatre départements : Statistique, Agriculture et industrie, Commerce, Télégraphie. Le département chargé de la statistique reprend toutes les « opérations relatives aux recensements des habitants de l’état »714. Il doit rassembler les informations recueillies lors du recensement de la population et décider de la fréquence et des techniques des opérations. Ce nouveau bureau effectue le 12 mars 1861, le premier « vrai » recensement. C’est suite à ce recensement, qui a duré 60 jours, qu’on a calculé la population réelle.
Pour les habitants d’Athènes et du Pirée a été utilisé pour la première fois le bulletin familial que les habitants devaient eux-mêmes remplir tandis que 60% de la population étaient illettrés. Les personnes qui restaient dans des hôtels, monastères, prisons, casernes ont été recensés par des fonctionnaires spéciaux. Les pêcheurs et les marins ont été recensés ou par leurs familles ou par les autorités du port. Pour la première fois on a ordonné aux consulats de recenser les citoyens grecs résidant à l’étranger. Les résultats du Recensement de la population de 1861 (publiés en 1862 par le Ministère de l’Intérieur) sont présentés par sexe, âge, état civil, commune, religion et profession et on trouve aussi le nombre de familles et de bâtiments.
Décret royal de 29 avril / 11 mai 1843, Journal Officiel, no 18, 22 mai 1834.
Michail Chouliarakis, 1974.
Michail Chouliarakis, 1974.
Ces dénombrements, ne s’effectuaient pas en même temps dans toutes les régions et duraient pendant des mois. Les responsables étaient les maires, les fonctionnaires municipaux et les prêtres. Le Ministère de l’Intérieur publiait des circulaires pour ordonner les dénombrements, des instructions et des imprimés spécifiques que les responsables devaient remplir. Dans ces imprimés, étaient notés le nom et le prénom, le sexe, l’âge, l’état civil, le niveau de l’éducation, la profession et la fortune foncière de chaque habitant. Les imprimés remplis étaient rassemblés par commune et de cette façon, chaque commune rédigeait son propre tableau de recensement. Ensuite, ces tableaux étaient envoyés aux sous-préfets qui rédigeaient les tableaux de chaque sous-préfecture et les transmettaient aux préfets pour qu’ils rédigent les tableaux préfectoraux. Finalement, ces derniers étaient réunis au Ministère de l’Intérieur où, avec le soin du Bureau, étaient formés les tableaux de l’état entier.
Michail Chouliarakis, 1974.