Nous considérons ici les manuels d’histoire comme l’un des éléments qui ont pu construire l’image que les enseignants se font de leurs élèves. Nous ne sommes pas en mesure de dresser une liste complète des facteurs qui ont pu nourrir l’image que se fait un enseignant des pratiques langagières de ses élèves. Cette image sera différente pour chacun, selon son parcours personnel et son curriculum. L’enseignement reçu par l’enseignant lorsque lui-même était élève contribue à son identité professionnelle et personnelle, il influe sur le regard qu’il porte à la fois sur sa propre biographie langagière et sur celle de ses élèves. Lorsqu’un enseignant aborde un champ de connaissances avec un groupe d’élèves, sa perception des compétences mobilisables et le traitement qu’il en fait sont liés à sa représentation de l’élève adulte et citoyen en devenir. Tous les enseignants101 ont suivi l’enseignement de l’histoire de France. Celui-ci influe sur la construction du sentiment d’appartenance à la communauté nationale ; abordant le destin historique des peuples, il en décrit les comportements au fil du temps. Nous pouvons donc penser que cette discipline a largement contribué aux représentations qu’ont les enseignants sur l’élève, sur ses pratiques linguistiques et sur la manière dont ces pratiques s’inscrivent ou non dans ce qui constitue un citoyen français. Analyser les manuels nous permet l’observation a posteriori de l’un des éléments de l’enseignement de l’histoire. Nous y rechercherons quelles conceptions des pratiques linguistiques, des langues et du plurilinguisme y sont présentées.
Hormis le très faible nombre, pour l’instant, d’enseignants instruits dans un autre système éducatif et naturalisés à l’âge adulte.