Nous avons fait le décompte des activités langagières mentionnées, des cartes, des mots clés et des termes dans les index.
Langues et usages linguistiques sont peu représentés dans les manuels que nous avons étudiés. Moins de deux pages suffira ici à décompter les mentions qui en sont faites. De nombreux aspects des modes de vie des Français sont abordés : la consommation, la santé, les arts, les transports. Les analyses sont détaillées, abordent par exemple pour les années 1930 les jardins ouvriers (G3 : 59), pour le monde actuel les familles recomposées (P8 : 318), la violence urbaine, la consommation de médicaments. Les sujets ou citoyens sont décrits comme des individus qui ont une vie de famille et professionnelle, des modes vestimentaires, des loisirs. Ils ont ou non des pratiques religieuses (P8 : 320) et celles-ci peuvent évoluer, par exemple lors de l’éclosion de la culture de masse (G3 : 96).Dorel-Ferré consacre quatorze pages aux croyances et aux pratiques culturelles en France de 1945 à nos jours (D8), dont quatre sur les pratiques religieuses, et aucune sur les pratiques langagières, y compris lorsque sont abordées « les formes de culture multipliées » (D8 : 330). Les Français dépeints dans les manuels d’Histoire sont des gens qui ne parlent pas, sinon fort peu.
La cartographie est un outil commun à tous les manuels. Nous n’avons retenu que les cartes d’au moins un état102, les cartes thématiques et caricaturales, les reproductions de cartes anciennes. Elles abordent la plupart des problématiques des manuels et visualisent des informations très diverses, de l’expansion de la citoyenneté dans l’empire romain au partage religieux de l’Europe au XVe siècle. Sur dix-neuf ouvrages parcourus, seize103 ne présentent aucune carte qui rende compte de faits ou comportements linguistiques. Quelques cartes sur d’autres thématiques peuvent permettre à l’enseignant d’aborder cette problématique : la carte des imprimeurs en France au XVIe, qui indique la « limite nord de l’occitan » (G1 : 144) ; celle des origines des provinciaux de Paris (G3 : 131) entre 1850 et 1914. La carte (B8 : 139) sur l’éclatement du bloc communiste européen montre les républiques baltes, les républiques musulmanes, les ex-satellites de l’URSS, les ex-pays communistes hors du bloc soviétique mais ne met pas en lumière les territoires linguistiques.
Baylac présente (B1 : 257) les nationalités dominantes de l’Europe des Nations en 1815 en fonction de la langue ; Lauby, les grands ensembles linguistiques et religieux de l’Europe des nationalités au XIXe (2002 : annexe 6), et la carte de la francophonie dans le monde actuel (176). Au total, trois cartes traitent de données linguistiques, sur plus de 710 cartes dans 19 manuels.
Mots-clés et index ne sont guère plus prolixes : trois mots dans les dix-neuf manuels explorés :
394. Le « créole » est défini une fois (L2 : 282) comme : « langue à base de français et d’emprunts à plusieurs langues » et une (D1 : 292) comme « « personne de race blanche, née dans les colonies espagnoles ou portugaises ».
395. « Francophonie », dont Dorel-Ferré (D8 : 296) écrit qu’elle est « née en 1969 à la conférence de Niamey, vise à défendre et à promouvoir la langue et la culture françaises dans les anciennes colonies devenues indépendantes », sans mentionner les autres pays concernés, qui ne sont pas d’anciennes colonies, la Belgique, le Canada, le Luxembourg, la Suisse, ni le rôle d’Onésime Reclus, qui a inventé le mot « francophonie » dans son ouvrage France, Algérie et colonies (1886). Il y définit les francophones comme « tous ceux qui sont ou semblent être destinés à rester ou à devenir participants de notre langue ».
Nous n’avons pas compté les cartes de villes ou régionales.
Voir décompte en annexe.