2.2. Les conceptions sur la communication

Les manuels étudiés accordent peu de place à la langue comme outil de communication entre des locuteurs qui se côtoient dans un espace et un temps commun. Un manuel de seconde décrit les pratiques langagières du peuple juif à la fin du 1er siècle avant Jésus-Christ : « à côté des Juifs de Palestine, vivent les Juifs de la diaspora qui (…) le plus souvent ne parlent plus ni hébreu ni araméen, ils parlent grec » (F6 : 56). Nous avons trouvé mention dans trois manuels de la communication entre les Orientaux et les Poulains, les Francs installés en Orient : Gaillard (G1 : 110) explique comment « la barrière de la langue » contribue à ce que lors de l’occupation des états latins d’Orient, les cultures orientale et occidentale « évoluent parallèlement sans réellement se mélanger », tout en insérant un extrait contradictoire de la chronique de Foucher de Chartres (119). Chronique également citée (F6 : 115, BL1 : 77) en extraits plus larges dans deux autres des manuels analysés :

‘« Nous qui étions occidentaux nous sommes devenus orientaux (…) On se sert des diverses langues du pays ; et les langues jadis parlées à l’exclusion les unes des autres sont devenues communes à tous et la confiance rapproche les races les plus éloignées. ». ’

Sur la même période, Baylac (B1 : 92) insère un document extrait du Livre de l’enseignement par l’exemple de Usama au XIIe. Le seul autre contexte de contacts interlangues évoqué n’est guère positif, puisqu’il s’agit des camps de concentration : « Mauthausen, c’était la tour de Babel, un ramassis de toutes les races, des gens dont il ne comprenait pas la langue… » (André Lacaze, Le Tunnel, in D8 : 33).