Plusieurs manuels reproduisent dans leurs formulations la condescendance des notables pour la paysannerie à l’époque de la Révolution Industrielle et que l’un d’entre eux dénonce : « l’ensemble des paysans est soumis au mépris des notables qui rejettent les formes de culture populaire : veillées, fêtes votives ou usage du patois » (D1 : 270). Les langues régionales et minoritaires, par les termes employés et par le choix des faits historiques mentionnés, sont associées à l’ignorance, à l’attachement au passé, à l’immobilisme, à la fragilité de l’état, au cloisonnement de la société, à la dépréciation des pratiques de certains groupes sociaux, à l’absence de communication. Autant de valeurs négatives ou présentées comme telles lorsque sont évoqués :
396. le cléricalisme et la pauvreté de l’enseignement en langue régionale : « emmurement de l’enfant dans ce domaine celtique dont les beautés sont émouvantes, mais où se tient à l’affût le plus hideux cléricalisme qui ait jamais été vomi par l’enfer », (extrait de la Revue de l’enseignement primaire n°4, 1919, P3 : 122).
397. le soutien de la France de Vichy aux dialectes et folklores régionaux (P8 : 50).
398. et même, paradoxalement, le statut des cultures minoritaires : « les programmes ethnocentristes, afrocentristes et bilingues » des écoles publiques ont été « conçus pour garder les groupes minoritaires à l’écart de la société » (Arthur M. Schlesinger, in P8 : 131).
Les langues anciennes et les grandes langues nationales, à l’inverse, sont associées à des valeurs positives : circulation des savoirs, progrès, innovations. Certaines formulations sont d’une symétrie immédiatement lisible. Ainsi,
versus
‘ Auparavant, en effet, chaque petite région restait souvent isolée : les traditions locales, une langue régionale qui n’était pas toujours le français, des communications difficiles avec le reste du pays, organisaient une forte autonomie locale. (P1 : 90).’C’est nous qui soulignons ces trois termes.