1.3. Les impacts sur la culture enseignante

Que ce soit dans les manuels, les livres de l’enseignant ou les autres outils périphériques, les expressions de « compétence » ou « répertoire plurilingue » ne sont pas utilisées. L’analyse permet de relever un certain nombre de stratégies plurilingues, et en particulier, pour certaines publications, l’introduction d’une démarche d’auto évaluation par l’apprenant. Mais dans la plupart des manuels, ces stratégies plurilingues sont présentes seulement de manière implicite, et elles ne sont mises en lien ni avec des compétences plurilingues développées par les pratiques sociales, ni avec des situations d’apprentissage vécues dans d’autres langues dans le cadre scolaire. L’articulation entre curriculum scolaire et curriculum existenciel est quasi-absente, alors même que lorsqu’elle est faite, elle n’affaiblit pas l’enseignement des compétences linguistiques, mais au contraire renforce la motivation, crée des enjeux d’apprentissage, participe de l’autonomie de l’apprenant.

Pour donner une image plus complète de l’enseignement reçu au lycée par les enseignants d’aujourd’hui, il faudrait ajouter à cette analyse celle d’outils dans d’autres disciplines, en particulier celle des manuels de français, pour y rechercher le traitement qui est fait des variétés de langue, la présence des auteurs pour qui le français n’est pas la seule langue, les relations avec les langues étrangères. Les manuels d’histoire et d’anglais que les jeunes professeurs des écoles ont pu étudier lorsqu’ils étaient lycéens n’auront pas contribué à nourrir une image précise des situations de plurilinguisme, hier et aujourd’hui, ni à construire une représentation positive des répertoires plurilingues, ni à envisager de prendre en compte et de développer les compétences plurilingues des élèves.