1.1. Les premiers liens à la langue cible ou à d’autres langues enseignées

Le recueil des représentations sur la langue cible est le premier geste pour reconnaître les répertoires plurilingues et pluriculturels des élèves. Une seule des neuf enseignantes (sixième, 2008) sait que « tous les élèves ont « fait » de l’anglais en primaire mais à des degrés d’exposition» très variables », mais ne fait aucun recueil de représentations. Pour les autres, ce recueil porte principalement sur la culture cible, sur les acquis linguistiques en cadre scolaire et sur l’enseignement lui-même.

Trois des enseignantes évoquent les représentations sur les modes d’apprentissage et les méthodes d’enseignement de langues. L’enseignante d’italien au primaire (2003) note qu’il serait utile de le systématiser, une enseignante de CM2 (2008) constate que pour l’anglais « il y a peu d’a priori sur la difficulté », alors que l’enseignante de sixième évoque des élèves « ballottés entre deux allégeances divergentes, leurs parents et l’enseignant », en ce qui concerne les objectifs, le choix des supports, la nécessité ou non d’avoir un manuel.

A propos de la culture cible, en primaire, une enseignante (2003) demande aux enfants de faire un dessin « ayant un rapport avec l'Italie » et distribue un questionnaire133 ou demande dix mots qui évoquent l’Italie134. Une enseignante de primaire (2008) questionne les élèves sur l’utilisation de l’anglais : « ils savent tous que l’anglais est une langue internationale ! ». Une enseignante d’anglais en sixième a fait un recueil des représentations pendant quelques années avec des élèves de quatrième et troisième, « histoire de bousculer leurs préjugés », mais à présent ne fait rien «de manière systématique, je préfère bousculer ma prép de cours et prendre la chose si et quand elle se présente ». L’une des enseignantes, germaniste contrainte d’enseigner l’anglais (primaire, 2003), souligne qu’elle attribue au recueil des représentations un rôle différent selon la langue enseignée. Pour l’allemand, elle y voyait le moyen de défaire des stéréotypes culturels : Je le faisais en allemand pour montrer aux élèves qu’ils connaissent des tas de choses sur le pays (voitures, marques, sportifs …les contes de Grimm) parce que les préjugés sont forts pour montrer que ce pays est notre voisin. Pour l’anglais, ses questions sont plus une évaluation des connaissances antérieures : « ce qu’ils savent, les chansons, la connaissance du pays ».

En ce qui concerne la langue, le recueil de représentations est essentiellement une mise en commun du lexique ou des énoncés déjà connus. En 2003, la première séance de langue était à l’école primaire une séance de découverte pour la plus grande partie des élèves. Les quelques élèves qui avaient appris l’anglais venaient d’une autre école ou ont été initiés hors-cadre scolaire ou en maternelle. L’enseignante de CE2 évoque une enfant qui lui a apporté son grand cahier d’école maternelle : l’occasion de reprendre en classe l’une des chansons de ce cahier et de la mettre en scène avec toute la classe. Une partie des élèves de sixième a été initiée à l’anglais ; au cours de la première séance, ils formulent des énoncés dont ils se souviennent (Pleased to meet you). L’enseignante d’allemand en sixième (2003) demande aux élèves d’indiquer sur une fiche leurs motivations pour le choix de l’allemand, quelle langue ils ont étudiée et dans quelle école, ce qui lui «donne des indications sur la façon dont ils ont travaillé en langue ».

En 2008, l’enseignante de cours préparatoire recueille les quelques mots que les enfants connaissent déjà en anglais, et au CM2, la première séance d’anglais n’est plus une séance de découverte mais de réactivation, elle « a pour objectif de reprendre contact avec les langues vivantes et d’axer le travail sur l’une d’entre elles, étudiée dans la classe, l’anglais ». Les élèves mutualisent et dessinent les mots qu’ils connaissent. Après cette phase de réappropriation de la langue, les mots sont affichés au tableau, et utilisés pour un jeu de labyrinthe. La séance se termine par la collecte des mots français que les enfants souhaitent connaître en anglais : ils formeront un mini-dictionnaire en anglais pour la classe. Pour cette reprise de contact avec les langues vivantes, l’enseignante questionne les élèves sur ce qu’ils ont fait en classe les années précédentes, mais aussi pendant les vacances, en famille, en voyage, avec des amis ou avec les correspondants de frères ou sœurs. Ont-ils entendu la langue anglaise à la télévision, à la radio, dans des chansons ? Quels sont les mots anglais qu’ils utilisent dans la vie courante ? Dans ce contexte, il est indispensable que les enseignants de collège systématisent une évaluation des acquis de l’école primaire.

Notes
133.

Ce que je sais sur l'Italie. Remplir selon vos connaissances. 3 villes ; 2 marques de voitures ; 3 aliments ; 2 amoureux célèbres ; 1 sport + 1 nom d'équipe ; 2 hommes célèbres ; 2 femmes célèbres ; 2 personnages de légendes ; 1 religion ; Le plus de mots connus en italien.

134.

Les réponses en 2003 étaient : L’Italie est en Europe. On mange beaucoup de pâtes et de pizza. Il y a beaucoup de ruines, de sculptures et de monuments historiques. C’est le pays du scooter. Les Italiens respectent peu le code de la route. A Rome, il y a le Colisée où se battaient les gladiateurs romains. Les Romains ont battu les Gaulois. L‘Italie a une forme de botte. La tour de Pise est penchée. Le pape, le chef des chrétiens, vit au Vatican. Rome est la capitale. La lire est la monnaie. Les Italiens sont très bons au basket. L’Italie se trouve au sud de la France. Elle a des frontières avec la Suisse et l’Espagne. Les Italiens sont très croyants (chrétiens). Ils ont plusieurs dieux (Dieu + Zeus + d’autres). Le Venezuelia est un volcan en activité.